mercredi 28 décembre 2011

De Raiatea à Nouméa


Départ à 6h du matin le 3 décembre 2011 pour 2380 nm. On attaque sous spi sous un ciel un peu chargé. Voyons Bora Bora s'effacer puis Maupiti, au revoir la Polynésie française et merci. Dans la traditionnelle houle croisée, il faut se ré amariner petit à petit. Dans la nuit, un paille en queue a voulu se poser sur notre girouette et l'a cassé, merci bien. Ce n'est pas un perchoir!
Commence pour nous un enchainement sans fin de changements de voile. Le vent est très instable et les grains menaçants. On enchaine Spi de tête, spi fractionnel, foc, GV avec 1, 2 ou 3 ris... Tout le jeu est d'estimer si le grain est pour nous, et comment il va frapper. Capu devient une experte en la matière et les paris vont bon train. A chaque fois, c'est un peu la surprise! La routine commence à être rodée à bord pour les manœuvres, et donc notre temps de réaction réduit au fur et à mesure que notre entrainement s'intensifie. En effet, ça ne va pas en s'améliorant.
On mettra 3 jours pour passer une zone bien nuageuse. Ensuite c'est la promesse d'un meilleur vent. On s'aide même de temps en temps du moteur pour accrocher au plus vite le vent espéré.
Une nuit, un booby squatte notre panneau solaire tribord, et il revient le lendemain avec un pote. Un peu de bateau stop ne fait pas de mal apparemment. L;'atterrissage est assez scabreux! Le bout de bôme est d'abord envisagé, puis le panneau, mais faut éviter la canne à pêche pour y arriver et bien se poser sur le bord du panneau, sinon ça glisse et un coup de roulis leur offre une belle glissade.
Le 6, nous croisons 2 bateaux de pêche, au milieu de nulle part. Dans la soirée, après un empannage pour se mettre sur la route, on sera même en route de collision avec l'un d'eux. Dingue. Ce dernier nous laissera courtoisement passer.
Grâce à la levure de boulanger apportée par Blanche et Philippe à Tahiti, on s'attaque au pain. Et ça marche! Un régal. Depuis le temps qu'on est parti, il était grand temps de savoir faire du pain... Dans notre lancée, on fera des petits pains aux raisins secs un autre jour, aux olives, et aussi des pizzas. On améliore ainsi notre alimentation.
Le 8, on lit quelques blogs que Capu avait copié pour savoir ce qu'il y a à faire aux alentours de Nouméa. Un peu de couture sur la chaussette du spi fractionnel, ainsi que sur son sac.
Le jour suivant commence alors un grand jeu de patience! Le vent nous quitte. C'est une mer d'huile! Aïe, on fera même seulement 15 miles nautiques en 24h, un record de lenteur. Les seules fois où on est plus lent, c'est au mouillage. On commence à douter sérieusement de pouvoir rallier Nouméa pour Noël. Le 11, on retouche enfin un peu de vent après un point météo avec Hervé. Il faut contourner la bulle par le nord. Donc en avant sous reacher et GV, le moral revient. 3 petits thons jouent avec notre vague d'étrave, impressionnant. Hélas, à la tombée de la nuit, un énorme grain arrive par le nord et bouche l'horizon. On affale foc et GV en catastrophe. On établit le bateau sous 3 ris et trinquette. Ça souffle vraiment fort, on est en fuite. Du coup, tout nos efforts pour rallier le nord sont anéantis! Tant pis pour le contournement de la paroisse, le vent est trop instable. Du coup, on tente de profiter de chaque souffle, de chaque nuage pour nous rapprocher des Tongas. Les changements de voile sont incessants. Le temps se fait long quand le bateau se traine!
Le 14, nous passons enfin les Tongas. Dans la pétole pour ne rien changer. Juste en sortant de l'archipel, un banc de thon passe derrière nous en laissant un de 3,5 kg sur la ligne. Un régal en sashimi le soir même et cuit avec du paprika le lendemain. L'eau est chargée de plancton en tout genre ainsi que de larve de corail. On espère que ça ne va pas trop s'accrocher sur notre coque. Déjà qu'on n'est pas bien rapide, alors de la végétation en plus...
Le soir, c'est l'enfer. Grains sur grains! On enchaine les manœuvres comme jamais. Le repos sera pour le lendemain. Au petit matin, on croise une île sans lumière. C'est une drôle de sensation.
Le vent se stabilise un peu, on avance enfin de façon raisonnable sur la route. Le 17, nous passons de TU -12h à TU +12h en passant l'antéméridien. Donc instantanément, nous passons du 17 au 18 décembre. 24H en un rien de temps.
Le 18, on se rapproche d'un dépression qui nous donnera derrière un bon vent portant pour rallier Nouméa. Mais il faut d'abord la passer. C'est au travers, dans une mer de plus en plus grosse que nous attaquons la bête. On croise un pécheur dans la nuit ainsi que des petites lumières clignotantes qui nous font craindre un filet. Heureusement, on passe sans encombre. Toujours sous foc et GV 2 ris, le bateau bien gité. Mais vers minuit, des petits grains s'enchainent qu'on arrive à passer en faisant le gros dos lors de la première risée. Quand un grain approche, après toute notre phase de questions, arrive l'approche. Tout d'abord, on ressent un air frais descendre des hauteurs. Puis une risée bien violente tombe sur le bateau, suivie de la pluie (en générale forte à très forte). Le vent baisse mais la pluie reste. Une fois le grain passé, il n'y a plus de vent pendant une durée proportionnelle à la taille du grain. Seulement, passé une certaine taille, non seulement le vent est fort dès le début, mais il dure tout le long de la pluie. C'est ce dernier typede grain qui nous met par terre vers 3 h du matin. 45 nœuds de vent d'un coup d'un seul. Le temps d'affaler la GV, les patins de tête et des 3 premières lattes sont cassés. La mer est déchainée et on est trempés jusqu'aux os. On est pour de bon dans la dépression. La pluie ne cessera pas de toute la nuit. Donc on remet les patins à la frontale et en ciré pour relancer de la toile et se remettre sur la route. Au petit matin, on remet tout bien. La dépression est passée nous donnant un vent de sud tant attendu. Encore une nuit où on a troqué les manœuvres contre le sommeil. A 15h, on envoie le spi de tête. Capado cavale à nouveau. La houle s'organise un peu, ça bouge encore pas mal, mais nous avons enfin le système qui nous emmènera jusqu'à Nouméa. Quel soulagement!
Dans la journée du 20, Adrien à la barre voit un panache sortir de l'eau. Sans être trop marseillais, il était plus haut que la fontaine sur le lac à Genève! Une belle baleine à en juger par la tache d'eau turquoise qu'on voit, tel un récif. La baleine fait d'abord mine de passer à 500m sur notre babord, puis change de route et on se retrouve en route de collision! Vite, hydrogénérateur à l'eau et on démarre le moteur, histoire de bien signifier notre caractère non animal. Le message est passé, la baleine s'arrête à 100m du Capado. Ouf!
Le soir même, à la tombée de la nuit, on perd le contrôle du bateau.... Impossible de le garder en ligne. On affale le grand spi, le petit spi ne sera pas plus convaincant. On craint une défaillance dans la tringlerie des safrans. Vidage des coffres arrières et contrôle, mais tout à l'air en ordre. On se met sur l'autre bord, et là on retrouve un peu de contrôle, étrange. On retourne en babord amure, mais le bateau est toujours aussi instable. On se dit que vu l'état chaotique de la mer, babord amure n'est pas très adapté. Donc on passe la nuit en tribord amure, on y verra mieux de jour.
Effectivement, en plongeant la camera, on constate que le profil du safran tribord est descendu le long de la mêche d'au moins 40 cm. Donc voici notre safran tout neuf d'Aruba rendu totalement inefficace. Il nous reste 300 miles nautique, et bien sur à faire en un bord, babord amure, donc en appui sur le safran défaillant.
Tout se lie pour nous empêcher d'arriver pour Noël à Nouméa. Le moral en prend un sacré coup. On se croyait enfin sorti d'affaire avec une belle météo stable jusqu'à la fin, et nous voici obliger de sous toiler le bateau pour qu'il aille droit. Heureusement, on a une équipe à terre de choc, et en rien de temps, Hervé et Philippe trouvent un réparateur pour le safran et nous assure d'une place au port pour notre arrivée. Donc il nous reste à prendre notre mal en patience. En effet, la mer va devenir de plus en plus forte forçant le Capado à réduire la toile. Nous sommes plus que sous foc, parfois même avec 1 ris dans celui ci, et avançons entre 4 et 5 noeuds. Le pilote luttant à chaque vague, il faut être en permanence à coté de la barre en cas de dérapage incontrôlé.
Finalement, le 23 Capado s'approche de l'ile des Pins et la houle se fait plus calme. On entre dans la passe de Sarcelle avec le courant (un peu de réussite ne fait pas de mal) et redécouvrons la stabilité. Qu'il est bon de se déplacer à bord sans être éjecter à chaque vague. Encore un peu de patience pour une arrivée de nuit à Port Moselle à Nouméa le 24 décembre à 1h50 locale.

samedi 24 décembre 2011

Polynésie Française

A peine arrivés que nous rencontrons nos voisins de ponton «Confiance » et « NKWASI ». Ensemble nous allons au bureau du port qui était fermé le week end. L'accueil est super, on nous donne même un petit guide avec toutes les informations pour les bateaux. Ce qui sera très vite utilisé, il n'y a pas une minute à perdre. On sort les vélos, et c'est parti pour un tour de tous les magasins. Il y a de tout et c'est rassurant pour la suite des réparations. Le soudeur vient d'ailleurs dès le lendemain matin pour nos boulons de quille bien ressoudés dessus dessous avec la promesse que ça ne bougera plus (les soudures d'origines étaient trop légères). Ensuite c'est nettoyage intégral. Après 30 jours de mer, ce n'est pas du luxe. On commence à apprécier la vie locale avec un bon diner à côté d'une roulotte. Les tahitiens sont aussi costauds que leur amabilité est grande, du coup les assiettes sont énormes pour nos petits estomacs de blanc. Espadon et Saumon des dieux en doggy bag pour le lendemain aussi. Un régal.
Pour réparer le pont, un petit tour en bateau s'impose. On quitte le port de Papeete pour aller de l'autre côté de l'aéroport. Il faut appeler la vigie avant de passer chaque bout de piste pour obtenir le feu vert. Notre tirant d'air est un danger pour les avions! Capado accoste à couple de Samba, le trimaran de Michel. Pendant que ce dernier regarde les dégâts, on attaque la révision des winches. On s'accorde sur un prix avec Michel, on reviendra le lendemain, après quelques courses de matos avant d'attaquer le gros œuvre.
Le soir, nous allons accueillir les parents de Capucine à l'aéroport. Il fait nuit, et malgré l'heure tardive, nous sommes pris en stop à la troisième voiture. Incroyable. La gentillesse des locaux n'est pas une légende, et nous le vérifierons à chaque fois. Ça met de bonne humeur. Accueil avec collier de fleur et au lit.
Une bonne nuit et Adrien attaque les travaux avec Michel. Pendant les 3 jours suivants, Capado restera à couple de Samba pour réparer, entre les grains, et Capu s'attaque aux autres multiples tâches tel que nettoyage des Inox, nettoyage des coffres arrières, de l'annexe, etc.
Ça y est, le pont est réparé, bien plus costaud qu'avant. On rajoute à ça une autre journée de peinture et de petites bricoles en tout genre. De retour à Papeete, nous retournons aux roulottes qui occupent une grande place en bord de quai. On peut y manger local, chinois, et même crêperie bretonne!
Le 21, on remonte l'hydrogénérateur et les bouts. Ado file chez API récupérer le spi qui avait besoin d'une petite couture sur le galon de chute. D'ailleurs, pour les intéressés, la voilerie, à l'image du reste de la ville, est très compétente, et bien fournie. La grande psychose à Panama était de dire qu'il n'y a rien en Polynésie, et bien c'est faux. Une frégate militaire américaine entre dans le port, accueillie en grandes pompes. A 18h, on met les voiles direction Hua Hine. Ça fait plaisir de reprendre la mer et d'attaquer enfin le tourisme à proprement parler.
Après une nuit un peu agitée par quelques grains, nous arrivons à Fare à 11h30. C'est superbe. L'entrée dans la passe avec la houle déferlant de chaque côté et quelques surfers en profitant a tout du cliché. Surtout avec une belle eau turquoise. Visite du village puis première plongée rapide. Adrien verra un requin à aileron noir de 1m20. Bienvenu dans le Pacifique.
Le lendemain, nous faisons une balade en bateau dans le lagon, direction la maison d'Eric et Celine rencontrés à Portobelo. On mouillera juste à côté où le gardien local, Siky vient nous raconter sa vie depuis sa pirogue. Pour partir, il nous faudra plonger pour débloquer la chaine prise dans des petites patates de corail. Capu au moteur et à la barre, Philippe au relevage de la chaine, et Adrien dans l'eau. En route pour Bora Bora.
Le temps est assez gris, et tourne vite au mauvais. On ira a Bora Bora un autre jour, on s'arrete donc à Tahaa, plus proche. Première escale au Yacht club de l'Hibiscus avec repas. Il pleut sans arrêt donc c'est atelier lecture à bord. On projette de visiter une ferme perlière pour le lendemain. La plus proche est dans une baie voisine. En rentrant dans cette dernière, on voit plein de cordes partout (surement pour tenir les huitres), et ne sont pas mises assez profond. D'ailleurs Capado en prend une dans la quille. Qu'à cela ne tienne, on contourne l'ile par le sud pour y rejoindre une autre ferme. Le yacht club sur place n'existe plus, mais on trouve quand même un corps mort. On nous prévient que le propriétaire de ce dernier n'est pas commode, mais heureusement il est parti en week end. A 15h, on visite la ferme, avec explication rapide de la technique de greffe de l'huitre ainsi que les différentes qualités de perles et leur classification. Très instructif, mais une perle reste hors budget. La sécurité du lieu est assurée par 2 grosses oies fort intimidantes....
Le soir, on dine dans le jardin d'un local qui y a monté une roulotte fixe spécialisée dans la cuisine de Malaysie. Un régal, et toujours aussi copieux!
Le soleil revient, on peut donc aller à Bora Bora. Après une navigation rapide sous spi, nous arrivons au joyaux des iles sous le vent. Et bien, ce n'est pas surfait! Le lagon est splendide. Direction le yacht club de Bora Bora pour un corps mort. On crapahute ensuite un peu pour rejoindre le village et voir les quelques boutiques. Avitaillement au Super U avant de retourner au bateau et se baigner avec les poissons juste sous la terrasse du yacht club.
Au matin, on quitte le yacht club pour une tentative de passage vers le sud de l'île par la côte Est. On contourne donc toute l'île, entre les motus (ilots de sable blanc et palmiers) et l'eau allant du bleu au turquoise. Le fond remonte petit à petit. Capu se poste à l'avant pour repérer les patates de corail et commence le slalom. On arrive ensuite à une passe très très étroite et qui a l'air bien encombrée de coraux. Vu le vent fort, engager le Capado dans ce champ de mines n'est pas raisonnable. On est quit pour une superbe balade. On retourne donc côté sous le vent de l'île et prenons un corps mort au Bloody Mary, plus au sud. Pied a terre, on ira donc au sud de l'île à pied. On arrive sur une superbe plage publique (les hotels, nombreux s'accaparent souvent les plages) avec quelques bateaux de faible tirant d'eau au mouillage. Après un bon déjeuner, on continue jusqu'à la pointe Matira, occupée par l'hôtel Intercontinental. Une petite baignade et retour au bateau.
Dans la nuit, du fait de fortes rafales qui s'engouffrent dans la baie, Capado se prend la quille dans le corps mort. Du jamais vu!!! Il faut tout larguer et ensuite se déplacer à taton pour trouver une autre bouée.
Au menu du jour, autre mouillage derrière un motu où se trouve l'hotel Hilton. L'eau est vraiment superbe avec vue sur la barrière de corail. On tente une plongée sur un patate voisine mais sans grand résultat. Pendant ce temps, Philippe a réservé une table au Hilton. Donc tout le monde dans l'annexe (le moteur aura le bon goût de fonctionner jusqu'à l'hotel). On débarque sur une plage de sable si blanc qu'on en a mal aux yeux. Le cadre est très sympa avec les cahutes sur l'eau, et d'autre dans la végétation. On profite donc de la piscine à 2 étages, puis du restaurant avant de se prélasser sur la plage et aller voir les poissons sous les cahutes. L'hôtel y fait de l'élevage de corail et les poissons ne sont pas farouches du tout, ainsi on a tout le loisir des les observer de près. Le mouillage étant trop venteux pour la nuit, nous retournons au Yacht club de Bora Bora.
Direction Raiatea, au près, dans une mer forte, l'équipage n'est pas à la fête. On tente d'aller à la marina d'Uturuoa, ville principale de Raiatea, mais il n'y a plus de place donc on va à la marina d'apooiti à l'ouest. Les chiens du capitaine du port récupèrent nos amarres, mais n'ont pas encore bien compris le système des taquets.... Le lendemain, on rallie Uturuoa en stop pour un peu de shopping. Pour le stop, on scinde le groupe, Blanche et Philippe d'un côé, Cap et Ado de l'autre. Victoire pour les Lorys à l'aller, mais revanche est prise au retour. On attaque aussi quelques lessives et douches. Le soir, nous buvons le vin offert par les Du petit Thouars en l'honneur de leur ancêtre. La bouteille est parti avec nous depuis Marseille, un exploit! Le jour suivant, on fait un aller retour en bateau à Uturoa pour y faire les pleins de fuel et de nourriture, et aussi faire la sortie de Polynésie française à la gendarmerie. A 16h, Blanche et Philippe nous quittent pour prendre leur avion pour Papeete avant leur autre avion pour Nouméa où on se retrouvera. Le bateau est prêt pour une autre traversée.
On note que pendant notre séjour, nous avons vu très peu à aucune décoration de noël. On est loin de nos rues commerçantes de métropole illuminées 3 mois avant l'arrivée du gros barbu tout rouge. Le culte de Santa est inexistant. Sans doute à cause du prix de l'électricité, ou que dans ces contrées chaudes, on a du mal à s'identifier à un gros blanc qui glisse sur la neige.
Au cours de nos rencontres avec d'autres bateaux, on se rend compte que finalement notre traversée du Pacifique fut assez rapide. En effet, certains ont mis 32 jours pour rallier les marquises depuis les Galapagos. D'autres ont perdu leur étai dans la houle croisée (heureusement qu'ils l'avaient doublé), d'autres ont pris la foudre aux iles Malpedo (en sortant de Panama) et se sont dérouté sur l'Equateur. D'autres encore on eu de la houle croisée pendant 16 jours, déchirant ainsi leur génois tangoné, et la liste s'allongent. Donc, pour ceux qui se lancent dans le Pacifique, penser aux rattrapes mou, ainsi qu'à quelques pièces de rechange. Il y aura de la bricole sur le chemin, mais le jeu en vaut la chandèle. L'accueil sur place est inégalable.

dimanche 20 novembre 2011

Pas si simple Pacifique

La veille de notre départ, un bruit court sur le mouillage qu'un bateau vient de rentrer après avoir subit une queue de cyclone à Punta Mala, avec des vents de 50 noeuds qui ont déchiré la Grand Voile de ce dernier... Un autre bateau qui voulait partir, reporte donc son relevage d'ancre. Mais bon, l'avantage d'un système météo comme ça c'est que ça passe.
Donc nous partons le 15 au matin à 7h30 locale, soit 12h30 TU. En passant on dit au revoir à Adrian sur Attila. Il nous annonce que l'on doit souffrir avant les alizés... tout se mérite. On se déhale pendant une heure au moteur pour traverser le chenal d'entrée du Canal, puis la zone de mouillage d'attente des cargos. Une heure après, nous touchons de l'air. Au près sous GV haute et foc, poussé par la marée descendante. Le vent monte petit à petit, ainsi que le clapot et à 19 heures, nous sommes avec 2 ris dans la GV et 1 ris dans le foc. Ca commence à être sport et les grains se font bien menaçants. Pour éviter la renverse, nous faisons un crochet par la baie Marita avant de repiquer vers le sud. Vers 22 heures, nous approchons de la fameuse et redoutée Punta Mala. Et bien sa réputation n'est pas usurpée... Grosse houle, et un troisième ris s'impose dans la GV. Le vent est très instable en force et direction donc il va être difficile de faire les quarts habituels.
Le lendemain, c'est pareil! On avance au fil des grains rivalisant de débit de pluie! Vive les cirés qu'on n'avait pas ressortis depuis un bon bout de temps. Le vent est un peu plus stable donc on pourra faire nos quarts et garder le pilote. Nous continuons notre route plein sud jusqu'au 17 à 3h30 où le vent refuse franchement. Du coup Capado vire de bord, cap à l'ouest. Petit à petit on revoit le soleil, la mer se calme un peu, mais on est quand même au près, sous 2 ris dans la GV et 1 ris dans le foc. On arrivera même à faire sécher quelques vêtements avant le coucher du soleil, grand luxe!!!
Le pire est derrière nous.

Pour fêter notre sortie de cette zone tourmentée et remettre l'équipage d'aplomb, on attaque une belle boite de Cassoulet qui a fait le voyage depuis Marseille. Un régal.
Le 19, on renait. On peut enfin se déplacer dans le bateau sans se faire éjecter dans tous les sens. Les conditions se calment tellement que nous passons sous reacher et GV haute. D'ailleurs un booby essayera en vain de se poser sur une bande de visualisation du reacher. Par chance ses pâtes n'ont pas abîmé le tissus. Les jours suivant seront une alternance de moteur, de foc et de reacher pour gagner dans l'ouest un maxium. Le but est de passer par le nord de l'île de Darwin, tout au nord des Galapagos.
Comparé à l'Atlantique, il fait plus frais. On ressortira même la couette pour dormir. Nous sommes bien à l'intérieur du bateau: ni trop chaud, ni trop froid. Quelques activités orchestrent nos journées telles que montage des différents leurres pour la pêche, lecture, jeter un coup d'oeil dehors, régler les voiles, aller éteindre l'alarme de changement de vent du pilote. Pour compléter notre confort, la cabine au vent sera aménagée en « caverne ». Toutes les voiles y sont matossées, puis on met sur le côté un matelas de cockpit pour capitonner le tout et vous avez un petit nid douillé.
Le 23, Capado est dans le nord des Galapagos. Une première étape de franchit. On tente toujours de pécher, mais rien n'y fait. Capu se lance dans l'établissement d'un programme minuté pour qu'une fois sur place, nous puissions voir un maximum de chose. Donc on épluche guide nautique et blogs d'autres bateaux. A 17h50, un banc de Globicéphales vient nous rendre une très brève visite. Disons qu'on s'est retrouvé sur leur route et qu'un ou deux sont venus en éclaireur s'assurer de nos intentions pacifiques. Superbe!
Les 24, 25 et 26, nous enchainerons les changements de voile sous un ciel gris. On avance franchement bien, avec un record de vitesse de rapprochement de 240 nm en 24 heures.
Le 26 à 10h20, on passe l'équateur! Champagne!!! Juste avant de passer, le ciel s'éclaircit et le vent chute. On boit un petit coup de champagne en l'honneur de Neptune; qui a droit à sa part aussi, aini que le bateau. Et comme Neptune est un mec cool, 2 heures après, une belle dorade se prend dans notre ligne. Elle passait par là vu que l'hameçon est planté dans sa tête. Non sans mal, on la ramène jusqu'au tableau arrière, mais elle se détache à deux doigt d'être dans le bateau. Rageant! Il faut encore travailler la phase de remonté du poisson à bord.
Depuis l'équateur, c'est spi de tête ou moteur, poussé par un bon courant de 1,5 noeud fort apprécié.
On en profite pour une bonne douche chaude grâce à la douche solaire très efficace. Pour féter l'anniversaire de Philippe, le père de Capucine, le 27, on dine avec des cuisses de confit de canard et des pommes de terres rissolées dans la graisse. Un véritable régal et fort copieux!
Le 28, le moulinet de la canne à pêche siffle à nouveau. Cette fois ci, on va pas la rater!!! Une belle dorade de 6 kg, avec de superbes couleurs. Pour la remontée à bord, le fusil de chasse nous permet de sécuriser la prise. Les couleurs changent très vite au fur et à mesure. On la pèse grâce au peson offert par Fred et Marie de Michto à Portobelo. Merci. 6kg. Juste le temps de la débiter et le vent rentre pour de bon. Une belle journée et un régal pour le diner. Décidément, cette traversée est gastronomique.


Nous sommes sous spi de tête et GV haute, on glisse sur la route directe, direction Hiva Oa dans les Marquises à 1830 miles nautiques (1nm= 1,852 km) devant nous.
Le 30, un requin marteau se trouvait tout pile devant notre étrave. Il nous esquive et reprend sa position. Il devait faire 3m de long au moins. Bienvenu dans le Pacifique.


A partir du 31, la houle se fait de plus en plus désordonnée et grosse. Il en vient de partout, à tel point qu'il est difficile de maintenir le bateau en place. Le pilote est un peu perdu. D'ailleurs, après un départ au tas sous spi, on constate que l'embase arrière du bout dehors a traversé pont. Aïe!!! Le bout dehors devient inutilisable. Pour couronner le tout, un boulon de quille (4 maintiennent la quille bien en place sur son puit) est dessoudé. Ca fait beaucoup pour une journée....
Afin de pouvoir maintenir notre planning et passer le Pacifique avant les cyclones, on décide à regret d'aller directement à Tahiti sans passer par les Marquises. Ainsi nous trouverons le matériel nécessaire et le soudeur pour faire les réparations qui s'imposent. Donc au lieu de 1098 nm pour les Marquises, il nous reste 1800 nm pour Papehete.
La mer reste agitée, rendant la vie à bord très inconfortable. On avance tant bien que mal sous foc et GV 1 ris, avec les grains qui commencent à se succéder. Au passage le deuxième boulon avant de quille se dessoude aussi. Maintenant la quille grince à chaque vague. Pas très dangereux, mais pas agréable. De plus, la poulie de hale bas de GV casse. Décidément, on n'est pas dans une bonne période.... le système est remplacé en prenant des poulies de la quille.
Le 2, c'est douche à nouveau. Faut bien s'assoir car la position debout est impossible tellement les vagues nous trimbalent. Mais on y arrive et on sent bon la fleur.
Le 4, un gros grain nous fait prendre le troisième ris et dans la maneouvre, 5 patins de GV cassent! Re Aïe! On remplace les défectueux et c'est reparti sous 2 ris.
Adrien bricole pour amurer le spi à l'étrave mais la première version n'est pas très satisfaisante. Le lendemain, on démonte le bout dehors, ainsi que le support enfoncé. On utilise alors la soubarbe et le davier pour amurer le spi, c'est mieux.

Maintenant le spi se trouve plus près de la GV, il est donc plus déventé. On utilise le spi fractionel envoyé sur la drisse de tête. Le spi de tête est bien trop grand pour être renvoyé sans bout dehors. Ça fonctionne assez bien, à condition que la mer s'ordonne un peu. Le 6 nous pouvons enfin reglisser avec une houle facile, sous spi, on apprécie le retour du calme. Un grand banc de dauphins passera dans le coin, mais on ne les intéresse pas du tout!
Le 7, ça faisait longtemps qu'on avait rien cassé! Si tôt dit, si tôt fait. Le fémelot supérieur de l'hydrogénérateur casse. On bricole, et on décide de laisser l'hydro dans l'eau calé sur le fémelot du bas maintenu par la tension du bout de maintien en position basse. Croisons les doigts, sinon, on aura un petit problème d'énergie à bord. Fort heureusement, il nous reste bien assez de carburant pour utiliser le moteur si besoin est. Le lashing de lazy jack tribord casse à son tour, donc le lazy bag pend mollement le long de la bôme. Un petit tour dans le mât pour Adrien, et le tour est joué. Vu comme ça, c'est sûr que la première solution n'était pas la bonne. Un petit boulot rapide qui garantira une meilleure tenue. On ne s'ennuie pas à bord!
Le 8, les patins de coupleur de tête de GV cassent à nouveau! On affale vite la GV pour ne pas en casser d'autres. C'est que notre stock de patins de rechange se réduit plus qu'à un. C'est peu... Donc on remplace en piquant un chariot plus bas dans la GV. Le vent varie entre 15 et 20 noeuds, avec des pointes à 30 sous les grains. Nous passons à côté de l'atoll de Pukapuka (rien à voir avec les pokémons). Première terre en vue depuis le départ. Instant émotion. C'est le début de l'archipel des Tuamotous.
Le 8, un grain monumental couche le bateau. On ne s'attendait pas à tant d'ardeur. Affalage du spi en catastrophe mais sans dégât. Puis on est bon pour se sécher. On s'est pris des seaux d'eau sur la tête. De crainte d'un autre gros bébé, nous restons sous 2 ris dans la GV. Et va pour empanner. Ça fait 22 jours qu'on est en bâbord amure. On empanne donc par 16 noeuds de vent, sous foc et GV. Et là, tout bascule. Une poulie d'écoute de GV casse, ou plus précisément, l'anneau brisé qui maintenait l'axe n'était plus. Donc sous le choc, les joues de la poulie se sont écartés permettant à cette dernière de se faire joyeusement catapultée loin du Capado. Heureusement on a du rab. Mais ce n'est pas tout. 5 patins de GV cassent à nouveau!!!! Décidément, c'est la fête au patin. Bien nous en pris d'avoir gardé les tous premiers patins du bateau (plus gros mais qui coulissent très mal). Ainsi nous pouvons renvoyer la GV. La décision est prise, nous resterons sous 2 ris jusqu'à notre arrivée. On marche sur des oeufs à chaque manoeuvre avec ces patins. Heureusement, notre fournisseur joue les jeux et nous renvoie d'autres patins à Papeete en attendant la confection de patins plus costauds.
Pour passer le temps la nuit, nous regardons des reportages de la BBC sur le pacifique ou d'autres documentaires forts instructifs. Merci à John qui nous les a filé à Portobelo. Un peu de culture pendant nos quarts ne peut pas faire de mal. De plus, il n'y a vraiment pas de trafic dans ces eaux, donc on peut se permettre de détourner le regard de l'horizon pendant au moins 40 minutes.
Le slalom entre les Tuamotus se fait sous spi ou foc selon la trajectoire des grains. On ne verra qu'un atoll tellement ils sont bas sur l'eau, à peine plus haut que la houle. Le vent mollit régulièrement ce qui nous ralentit sérieusement vu notre incapacité à mettre de la toile. Mais bon, les conditions sont clémentes donc on a le temps.
Au tour de l'hydrogénérateur de se manifester. Le trou dans lequel passe la manille de bout de calage de ce dernier en position basse s'est agrandi à tel point qu'il est maintenant traversant. On le sort de l'eau et le mettons le long du tableau arrière. On refera un trou plus loin du bord afin de le remettre en marche. C'est important pour l'énergie à bord et ainsi garder le fuel au cas où le vent vient à trop manquer.


Le 13, nous voyons enfin Tahiti masquée par de gros nuages accrochés au volcan. Nous sommes au moteur car le vent est définitivement tombé. Un grand soulagement! On retrouve des odeurs terriennes, un brin plus exotiques qu'à l'accoutumé. Ainsi à 20h, heure locale, juste après la tombée de la nuit, nous rentrons dans le port de Papeete, au quai des Yachts. Un voisin nous aide pour les amarres et ça y est, nous y sommes. A notre grande surprise, on arrive à marcher encore, sans tituber. Direction le premier boui boui pour un burger.
En 30 jours de mer, nous avons eu un peu toutes les conditions de vent et de vague, et avons eu pas mal de casses. Malgré tout ça, le bateau s'est bien comporté et nous restons confiants pour la suite du voyage. Quelques réparations sérieuses sont nécessaires mais ce sera pour être plus renforcé. Il est bon d'arriver dans un pays où tout le monde porte des fleurs dans les cheveux.


Quelques chiffres:
  • distance directe: 4395 nm
  • distance parcourue: 4818 nm
  • Temps de parcours: 29 jrs, 17h, 30 min.
  • Vitesse sur route directe: 6,15 noeuds
  • Vitesse sur route parcourue: 6,75 noeuds
  • Temps total au moteur: 50h35
  • Consommation de fuel: 75 L
  • Consommation d'eau: 190 L
  • Poisson péché: 1 dorade de 6 kg
  • Voilier vu: aucun


Panama City

Ca y est, nous sommes dans le Pacifique. On dépose François et Coralie qui rentrent en bus à Portobelo et nous faisons un saut à la marina Flamenco avec le bateau pour faire les pleins de gasoil et d'eau, et surtout rendre les amarres et bouées un brin encombrantes. Ensuite, un peu d'administratif, on est dans une nouvelle ville, donc faut refaire des papiers....


L'après midi, on part avec Benoit faire la tournée des shipshandlers histoire d'avoir tout ce qu'il faut pour la traversée. Pagaies pour l'annexe, matériel de pêche, de la fermeture éclaire, des pressions, une petite machine pour faire le vide dans les ziplocs, etc. Une première journée bien remplie à sillonner la ville en taxi.
Pour rejoindre la terre depuis notre mouillage, Brisas, c'est plutôt épique. On peut laisser l'annexe à un ponton mais la passerelle le reliant à la terre est cassée. Il fut donc aménagé un passage par une petite annexe pas très stable et un système de poulie pour transiter jusqu'aux marches du quai. Un autre problème est qu'à marée basse, il n'y a plus de marche... Ajoutez à cela un clapot régulier et ça donne de belles scènes. En général, les messieurs déposent madame puis se chargent de l'annexe.
Le lendemain, on continue la tournée des grands ducs avec une première escale à Balboa pour acheter des cartes papiers et guide nautique, puis à l'opposer de la ville dans le Panama viejo pour un autre shipshandler, mais sans grand intérêt. Enfin on retourne à un shipshandler de la veille pour leur rendre le projecteur halogène défectueux et acheter une échelle de bain télescopique. Avec toute la famille qui nous rejoint pour noël, il faut bien recevoir.
Pour le déjeuner, on tente de rejoindre Benoit, mais les taxis ne savent pour la plupart pas où ils vont, donc on nous dépose un peu au petit bonheur la chance. Ça donne des situations assez grotesques. Finalement on retrouve Benoit et passons dans une rue piétonne où on y vend de tout. Beaucoup d'indiens Kuna en tenues traditionnelles y sont aussi, loin de leurs îles. Déjeuner dans une Cantina puis retournons à Islamorada récupérer nos cartes fraichement imprimées. Au passage on s'offre le livre de Jimmy Cornel sur les routes maritimes du monde, très intéressant (Merci François pour le conseil). Une autre belle journée qui s'achève comme d'habitude sous la pluie.


Avant de partir, on doit impérativement remplir nos bouteilles de gaz, chose peu aisée. Tout le monde nous donne des informations contradictoires, comme dans la maison qui rend fou. On part sur une première piste, puis le taxi nous dit que c'est pas bon, donc il faut encore se renseigner auprès d'autres... Finalement, Gente de mar, une société de services pour les bateaux au mouillage, nous les remplira le lendemain mais au prix fort à très fort!!!! L'après midi, on se change les idées en travaillant sur le blog et avec quelques machines à laver.
Le 13 octobre, mission courses! Direction le mall Albrock. Le supermarché Super 99 fait livraison à domicile mais ça a l'air bien compliqué, on verra. Il faut faire le plein de victuailles pour 1 mois. Donc chacun un caddie et c'est parti. Passage à la caisse, et là on nous dit qu'il faut revenir à 16h pour faire la livraison, avec, comme d'habitude, ordres et controdres à tout les étages.
Direction le marché aux légumes. Une zone immense, les pieds dans la boue, avec des grossistes, des semi détaillants et de petites boutiques. On y trouve de tout et pour pas cher. Bien chargé nous retournons au mall, avec une dernière petite course d'informatique et une coupe de cheveux pour Adrien, ça rafraichit.
Le soir, les courses arrivent enfin, plusieurs aller retour en annexe seront nécessaires. Il faut maintenant tout ranger dans le bateau, enlever un maximum d'emballages, les étiquettes sur les conserves et faire de la place un peu partout.
Le 14, on s'attaque à la préparation technique du bateau. Adrien plonge pour nettoyer les algues, ensuite on remet l'hydrogénérateur, le bout dehors, les voiles d'avant, les lignes de vie qu'on avait enlevé pour le canal. L'après midi, on va faire la sortie du pays qui ne devrait être qu'une formalité. Erreur!!!!! Passage à l'AMP très facile, ensuite on va à l'immigration. Et là c'est le drame. Il nous faut des photocopies. Donc retour à l'AMP pour les photocopies. On revient avec nos papiers dument copiés, mais ce n'est pas tout. Malgré notre entrée à Portvenir (San Blas), il faut refaire une entrée et payer des timbres fiscaux de 10$ chacun, et bien sûr, ça ne se fait pas dans le même bureau. Du coup, on saute dans un taxi qui ne voit pas de quoi on parle, il va donc se faire expliquer le chemin par l'immigration. On arrive devant une porte sans rien d'afficher, nous montons, et là aussi il faut des photocopies.... Un aller retour au supermarché voisin s'impose. Au final, c'est bon nous avons notre droit d'entrée, et une demi heure plus tard, nous sortons du pays dans le premier bureau d'immigration. Ou que tu ailles, il faut faire des papiers. Une paperasse qui n'en finit pas.

Cliquer sur la photo pour accéder à l'album.

Globalement, Panama city n'a pas été une bonne expérience. Tout y est compliqué, personne ne peut te renseigner de façon claire. La ville n'a pas grand intérêt à part voir les buildings de loin, qui de près sont pour la plupart pas finis. On n'a pas eu le temps d'aller au Casco viejo, quartier qu'on nous a fort recommandé.
Le 14 au soir, nous allons au restaurant à la marina Flamenco pour une bonne pièce de viande avant les 30 jours de mer qui nous attendent.

mercredi 12 octobre 2011

Canal de Panama

Le 8 octobre 2010, tout l'équipage est à bord à 6 heures du matin. On commence au près puis sous reacher puis moteur, puis foc à nouveau. Le vent est très changeant par ici. A 10h30, Capado entre à la marina Shelter Bay pour récupérer les aussières et les bouées, c'est du lourd. A 12h30, Capado est mouillé sur le flat (zone d'attente du pilote). En attendant, les panneaux solaires sont rangés pour ne pas être endommagés par les toulines (boule en corde pesant 500g permettant de récupérer les amarres). Le pilote arrivera vers 15h30, et c'est sous un bon grain que nous nous approchons de la première écluse Gatùn.


L'écluse est imposante!!! Un cargo s'engage avant nous, puis c'est notre tour. Tout le monde à son poste. Benoît et François s'occupent des aussières avant, Capucine et Coralie de l'arrière. Etant seul voilier, nous nous positionnons au milieu du bassin. Aux 4 coins arrivent des toulines lancées par les employés du canal. Pour certains, plusieurs tentatives seront nécessaires. Le lancer demande beaucoup de précision! Attention aux têtes car les toulines arrivent vite. Ensuite nous avançons dans le premier bassin, les aussières sont ramenées à terre puis tendues. La porte se ferme, on est dans un grand trou noir. D'un coup, l'eau bouillonne sous le bateau et il faut être bien vigilant pour retendre régulièrement aux 4 coins. Ca monte très vite. Ensuite le cargo avance, nous remuant encore un peu. Aussières ramenées à bord, on passe dans le bassin suivant. Le pilote, Francisco est très professionnel donc tout est clair. Benoît et François ont pas mal de travail du fait de la petitesse des taquets par rapports aux énormes aussières. Grâce à eux le bateau reste bien en ligne. Pour Capu et Coralie, c'est plus facile, leurs aussières reviennent sur les winchs de cockpit. Capado passe ainsi le second bassin et le troisième sans encombre. Il est 18 heures et nous rejoignons une tonne sur le lac pour y passer la nuit, le pilote rentre chez lui.
Nous profitons donc de ce temps pour un bon apéro et découvrir un peu plus nos équipiers. François navigue depuis 6 ans avec Nicole et ne compte pas s'arrêter avant encore quelques années. Benoît est parti depuis l'élection de Sarkozy et avance à son rythme. Les deux ont pleins d'histoires riches d'enseignements pour nous novice du voyage nautique.


Lendemain matin, on attend le pilote pour 6 heures, mais il arrivera à 7h30. C'est le week end, donc peu d'activité sur le canal. C'est parti pour la traversée du Lac Gatùn et ses multiples ilots couverts d'une végétation très dense. C'est magnifique.
Nous croiserons quelques cargos dont deux Panamax. On ne peut pas faire plus grand pour passer le canal, la marge de chaque côté des écluses est de 60 cm. Il ne reste que 5m devant et derrière. Des monstres.


Vers 10h, nous entrons dans le canal à proprement parlé, c'est à dire la portion creusée directement dans la terre et les collines. On s'y sent presque à l'étroit. D'ailleurs de grandes barges munis de pelleteuses gigantesques ou de foreuses continuent le travail pour gagner encore en largeur et faciliter les croisements entre ces monstres des mers. Personne ne passe dans notre sens, par contre nous croiserons 3 paquebots. On se sent tout petit.


A midi nous passons sour le pont Centenario. Beau pont reprenant la même géométrie que le pont de Normandie, en plus petit. Gabriel, notre pilote du jour, est d'habitude capitaine de remorqueur. Ce dernier nous rassure pour les dernières écluses: la descente est plus facile que la veille.
A 12h20, on descend d'un étage (environ 10m) à l'écluse Mirador. Encore le balai de pommes de touline avec des employés plus ou moins réveillés; c'est dimanche. On enchaine sur l'écluse de Miraflores dans la foulée. C'est la dernière écluse. Elle se passe en 2 bassins. Il y a tellement peu de trafic que Capado est seul dans l'écluse. Ca fait beaucoup d'eau à vider pour un si petit bateau. Nous passons sous la webcam officielle avec nos familles qui nous regardent. Et aussi sous les yeux de tous les touristes qui visitent le canal. Benoit a eu le gars le plus lent de l'histoire du canal, même le pilote a manqué de patience. On risquait de mettre le bateau en travers. Et au moment de larguer les amarres, cette fois ci, c'est le côté tribord qui s'est endormi. Capado s'est retrouvé seulement attaché sur tribord, donc pas cool pour se lancer hors de l'écluse avec le courant qui nous sort. Un dernier stress pour marquer le coup!
Enfin, nous voici de l'autre côté du Panama. Capado passe sous le pont des Atlantiques et s'engage sur l'océan Pacifique, qui nous accueille comme il se doit: clapot court, vent de face, on tape pas mal au moteur. Finalement nous sommes à 18 h au mouillage de Brisas bien fatigués et avec quelques coups de soleil pour certains. 


Voici une grande étape du voyage maintenant dernière nous. On remercie de tout coeur François, Benoît et Coralie pour leur aide précieuse et pour ce week-end chaleureux passé ensemble.



Portobelo

C'est au près dans la pétole que nous partons des San Blas pour rejoindre Portobelo. Vent contraire et courant contraire nous rallonge un peu la route mais on n'est pas pressé donc on navigue à notre rythme. Dans l'après midi, on voit un bel espadon sauté hors de l'eau avec notre rapala dans la bouche. Quelques sauts de toute beauté suffiront à lui permettre de se détacher. Une demi heure après, alors que nous allions seulement à 4 noeuds, un voilier de 1m20 mord à son tour. Moins de sauts vertigineux mais on admire sa belle nageoire dorsale sillonnée l'eau. Il arrivera jusqu'au tableau arrière du bateau. On était un peu embarrassé car cette prise est bien trop grosse pour nos petits estomacs. Ayant ralenti le bateau à fond, le voilier se laisse prendre en photo puis fait  un tour autour du safran.... oups. Finalement, le voilier se libère et nous rend le rapala en grand prince. De toute façon, on aurait pas su comment le ramener à bord. Un peu de moteur pour finir et nous arrivons à Portobelo à minuit.


Au matin, Benoit venant du bateau voisin Marisa, nous souhaite la bienvenue. Marisa vient de prendre la foudre aux San Blas, donc toute l'électricité et l'électronique est à refaire. Aïe. Arrivé à terre, le distributeur est en panne, donc nous prenons un bus local pour aller au centre commercial voisin (Sabanitas à 1 heure de route). Les bus sont des anciens school bus américains redécorés version amérique centrale, c'est à dire très colorés. Ce sont les rois de la route, toujours à fond, musique à fond aussi et mécanique chancelante. Enfin nous pouvons retirer des sous, faire quelques courses et retour à Portobelo où nous achetons quelques Molas (artisanat Kuna) pour décorer le bateau. Le soir, Fred et Marie sur Michto, catamaran orange que nous avions souvent croisé aux San Blas, nous invite pour l'apéro puis allons tous à terre pour un sandwich à la boulangerie du coin. Au passage, le pain y est très correct. Marie et Fred sont partis de France avec un ketch en bois direction le cap vert et le Sénégal, puis ont acheté un catamaran de 35 pieds à Panama pour continuer la boucle et faire le tour du monde à leur rythme. Le courant passe tout de suite.


Le 26 septembre, en allant au bar du coin (Captain Jack) pour une session internet, nous croisons Michel que nous avions vu à Sainte Lucie alors qu'il ramenait son trimaran de Sète. On découvre alors le monde des back packers. La route entre Panama et la Colombie étant coupée, ces derniers transitent par voiliers depuis Cartagène jusqu'à Portobelo, en passant par les San Blas. Une petite économie s'est donc crée autour de se marcher et beaucoup de voiliers de la baie y participent. Après quelques tentatives, Adrien trouve enfin le capitaine du port pour faire l'entrée du bateau à Portobelo. Chaque déplacement dans le pays nécessite de faire des papiers.... Cette session internet permet d'avoir toute la famille sur skype et ainsi de redonner des nouvelles après le séjour aux San Blas coupé du monde. Ce soir c'est apéro à bord avec Fred et Marie.


Le 27 septembre, direction Colon pour chercher un bateau qui passerait le canal et voudrait bien de nous comme équipiers. Ainsi on verrait comment ça se passe avant d'y engager le Capado. Pour ne pas passer pour des "Gringos", il faut être en pantalon, éviter les lunettes de soleil et porter des chaussures. Colon est réputée pour son insécurité.... Le voyage en bus est toujours aussi épique. On fait un premier stop au centre commercial à l'entrée de Colon pour acheter une carte SIM panaméenne et repérer les voileux qui y font le plein afin de les suivre et monter dans le bus, gratuit, qui les emmène à la marina Shelter Bay. Dans ce bus nous voyons pour la première fois l'écluse de Gatun, à l'entrée du canal et qui se passe en trois étages successifs. Impressionnant. Shelter Bay Marina est un port perdu au milieu d'une ancienne base américaine désaffectée et lugubre. Sur place, on nous autorise à une heure de visite des pontons pour notre session bateau stop. On ne plaisante pas avec la sécurité! Un seul bateau va passer mais il a déjà pris des équipiers professionnels. Au moins on réserve les aussière (4x 35m de 22mm de diamètre) et 6 énormes pare battages, obligatoire pour passer le canal. Dans le taxi retour, on apprend que la dernière zone de mouillage sympa encore autorisée à Colon vient d'être rayée de la carte pour cause de gène de trafic des Paquebots. Déjà que le Yacht Club fut rasé il y a 2 ans pour agrandir le terminal container, Colon n'est plus vraiment accessible pour les voiliers. Tant pis, nous rentrons donc à Portobelo sans bateau stop et sans avoir vu Colon, à part le terminal de bus haut en couleurs. La décision est prise de tout organiser depuis Portobelo avant de passer le canal. Soirée galette bretonne sur Michto avec Marie et Fred, un régal pour seulement un brin de nostalgie. Cour d'épissure au programme et autres infos échangées entre les techniques de pêche à la traîne ou au fusil et l'entretien du moteur...




Le 28, c'est préparation du Capado pour passer le canal. Ainsi on range le bout dehors, la trinquette passe dans la soute à voile, l'hydrogénérateur est démonté. Rien ne doit dépasser! Enfin, on s'attaque au moteur qui broute un peu au démarrage dernièrement. Vidange d'huile, changement du préfiltre et du filtre à Gasoile, tout y passe. Entretemps, Benoit accepte de nous accompagner pour le canal. Il faut à bord de chaque bateau, un capitaine et quatres équipiers, un par aussière. Plus que 2 à trouver. On passe voir Fredoya, grand bateau en Aluminium, taillé pour les grands froids avec Frédérique et sa fille Coralie à son bord. Coralie viendra avec nous! Plus qu'un. Nous continuons notre tour des bateaux avec notre vaillante annexe à la recherche d'équipiers. Que de rencontres en si peu de temps!


Le 29, après avoir récupéré du gasoil, on tente de réamorcer le circuit. C'est un peu laborieux, mais Fred eu une grande idée: mettre le réservoir sous pression en mettant notre pompe d'annexe au niveau de l'évent. Un succès total. Le moteur tourne comme une horloge suisse. Après midi internet puis apéro à bord de Fredoya. Le bateau, construit par Frédéric et Frédérique, est superbe et bien confortable pour les grands froids. Ils nous racontent leurs voyages en Norvège et autres pays glacials, en fort contraste avec la température ambiante.
Le lendemain, rendez vous est pris pour mesurer le bateau et faire les papiers du canal. Ensuite nous partons à Sabanitas en bus pour retirer la somme nécessaire au passage du canal. Hélas il faut 2 pièces d'identités et on est en plein jour de paye, d'où une attente assez longue.... On achète une glacière en Polystyrène pour avoir du frais sur le canal. Il est important de bien accommoder le pilote et nos équipiers. Nous passons la soirée sur Maritéa, en compagnie de Eric, Céline et leurs enfant Juliette et Damien. Super soirée qui finira tard avec traditionnelle visite du bateau et échanges sur les voyages respectifs. Les enfants sont vraiment sympas, ça donne à réfléchir sur le fait de voyager avec des jeunes.... 
1er Octobre, c'est réparation de l'annexe. Cette dernière étant en PVC, elle résiste mal à la chaleur des caraïbes. Le fond entier se décolle entrainant d'importantes voies d'eau, c'est plus une baignoire qu'une annexe. Le soir, c'est au tour de la fine équipe de Maritéa de venir à bord. 
2 Octobre, un peu de tourisme dans Portobelo et nous rejoignons Fred et Marie pour le montage de leur annexe. La technique est assez simple: découpe des panneaux en contreplaqué puis on les assemble en les cousant au fil de cuivre. Ainsi tout se met en place très vite avec toutes les petites mains qui s'affairent (Fred, Marie, Capucine, Benoit et Adrien). 


Le 3, Capado reprend la mer direction Shelter Bay marina. Un peu de près dans la molle, le long des cargos en attente. Dodo au mouillage à l'entrée de la marina. Pas très autorisé mais personne ne vient rouspéter. Au matin, nous allons sur la zone du Flat pour attendre un officiel du canal de Panama. Ce dernier fait les papiers, vérifie la bonne marche des toilettes, de la corne de brume, que le bateau peut faire du 5 noeuds et mesure le bateau. Une fois fait, nous rentrons à Portobelo en tentant de pécher mais sans succès. Dernière soirée en compagnie de Fred et Marie qui partent le lendemain aux San Blas pour un charter. Diner fort sympa à bord du Capado qui manque cruellement d'une table de cockpit.


Il est temps de payer notre passage du canal: 1500 $ dont nous récupèrerons bien plus tard 865 $. Il faut régler en liquide, en coupure de 20$ à la CityBank à Colon. Le soir même on nous confirme notre passage le samedi suivant (8 octobre). Le Pacifique se rapproche. 
On attaque donc les grands préparatifs. Réparer les quelques endroits qui en ont besoin, faire le plein de gasoil, nettoyer un peu la coque pour garantir une meilleure glisse. 2 enfants locaux nous rendent visite en kayak et montent à bord, juste pour le fun d'être sur un bateau. Ils n'ont pas souvent école. Le soir, apéro briefing avec notre équipage du canal: François (6 ans de voyage), Benoit (3 ans), et Coralie (depuis toujours ou presque, donc 17 ans). Le passage promet de se passer dans la bonne humeur.
Dernier jour à Portobelo, on fait la sortie du territoire, puis le plein de boissons et le bateau est prêt pour accueillir tout le monde le lendemain à 6 heures, direction Colon et la première écluse.
Portobelo fut un lieu de belles rencontres avec beaucoup de bateaux aux profils très différents. On n'avait jamais eu une vie sociale si intense depuis le début du voyage. 

lundi 26 septembre 2011

Las San Blas (Kuna Yala)

Pour notre premier mouillage aux San Blas, nous jetons l'ancre à Chichime et nous sautons immédiatement à l'eau tant la chaleur est pesante. En comité d'accueil, 2 superbes raies passent sous le bateau. Nous améliorons ensuite notre taud de cockpit pour l'utiliser aussi comme récupérateur d'eau de pluie, très efficace car dès la première nuit nous remplissons le jerrican de 20L.
Au petit matin, direction le récif avoisinant pour un peu de chasse fort fructueuse: une langouste brésilienne de bonne taille, 2 autres plus petites, 2 poissons soleil, et surtout une énorme araignée de mer avec des pinces monstrueuses! Un régal.
Ainsi rassasiés, nous nous attaquons à notre planning dans cette archipel aux îles innombrables. En effet, il y a tellement de possibilités qu'on pourrait y rester quelques mois sans s'ennuyer.... mais le pacifique nous appelle donc nous devons profiter à fond des 10 jours impartis.
Le 15, direction Dog Island. Après le déjeuner, nous plongeons sur l'épave par 3 mètres de fond. Quelques poissons, de beaux coraux mais pas aussi grandiose qu'à Aruba. Nous passerons la nuit à Banedup, un peu plus à l'Est. Toutes les îles sont superbes, entretenues par les Kunas y vivant. Certains ratissent même les plages, par contre tout les côtés au vent sont souillés par d'innombrables bouteilles plastiques de toute forme. C'est le bout du monde ici, le dernier rempart pour tous ces déchets plastiques emportés par les vents.
Après une bonne nuit réparatrice, sans orage, nous partons pour Salaardup. Nous sommes seuls, l'île rien que pour nous et les kunas y résidant. Les orages passeront toute l'après midi donc on s'affaire pour le blog et un peu de lecture. Nous changeons de mouillage pour Waisaladup à 10 milles de là. Lors de notre recherche en zodiac d'un récif exploitable pour chasser, nous rencontrons Gérald sur Plénitude. 12 ans qu'il navigue en mer des caraïbes, et seul de surcroit! Pour lui, les San Blas sont le plus beau coin qu'il ait vu. On échange quelque bouquins à bord du Capado, puis sommes invités à son bord pour l'apéro.
Direction la ville! Nargana. On y vient pour chercher du fuel, jeter nos poubelles et retirer des sous à la banque. Sur place, nous commençons par un démontage en règle du moteur hors bord qui se noie constamment. Malgré une méconnaissance totale du support quelques vis bien grippées, on arrive à le refaire fonctionner, sans doute avec beaucoup de chance! En guise d'atterrissage, nous trouvons un village de petites cahutes traditionnelles baignées dans les ordures et les paraboles satellites. Pour les ordures, on nous dirige vers Frederico, un Kuna bien éméché (il est 14h30) et donc incompréhensible, ni en anglais, ni en espagnol. Il est réputé pour ne pas jeter les ordures dans la mangrove, contrairement à d'autres. Ensuite, nous trouvons des légumes. Nous avons de la chance car tout dépend des arrivages de bateau. D'ailleurs pas de pain car pas de farine aujourd'hui. Enfin, on trouve un gars qui vend du fuel. Il amasse des bidons dans son jardin et te remplit le bidon pour un prix très correct. Finallement nous tentons la banque mais elle est fermée, ce sera donc pour le lendemain. Et là, catastrophe, il y a bien une banque, mais on ne peut pas y retirer d'argent, quel non-sens!
Il est triste de voir à quel point le dollar et l'occidentalisation peuvent faire comme ravages. La ville de Nargana n'est qu'un gros dépotoire, les toilettes sont des cabines sur pilotis avec un trou au milieu, et les habitants sont rivés devant leur télévisions tout en discutant sur leur mobile. A partir de 14h, ils ont déjà bien attaqués l'alcool, donc une bonne sieste s'impose. C'est content que nous rejoignons les Coco Bandero Cays et retrouver un cadre plus naturel.
Nous mouillons au milieu de 4 îles de cocotiers et de sable blanc, l'eau y est superbe. Une petite chasse s'impose et revenons avec un bon diner. Le lendemain, c'est alternance d'orages. Adrien part chasser seul et reviens avec une bonne langouste pour le déjeuner. Ensuite nous aurons la visite de deux sharksuckers ( poissons pilotes avec une ventouse sur le haut du crâne pour coller aux requins) qui squattent sous le bateau. Atelier épissures pour Adrien qui grimpe au mât pour enlever les bastaques et y retourne pour les remettre après ajustement des longueurs.
Le 21 septembre, Capado se dirige vers les Hollande Cays, îles les plus au large de l'archipel, vers le mouillage de la piscine (nommé ainsi pour les 4 métres de fond, avec eau turquoise). A peine arrivés, nous trouvons un récif très prometteur et ne tardons pas à débusquer 4 belles langoustes. Que c'est jouissif de se nourrir ainsi de sa pêche! Nous y retournons donc le lendemain mais un gros orage écourte notre baignade, il faut vite rentrer au bateau fermer tout les hublots. Une fois fait, il pleut si fort que nous prenons une douche... un peu fraîche, mais à l'eau douce!!!!
Tout propre, nous allons sur l'île voisine et marchons un peu entre les bois flottés, les tongs, semelles de chaussures, bouteilles en plastique, flacons de parfum, bouteilles en verre, on y trouve de tout. A notre retour, nous rencontrons John et Nat sur Millenium, un 60 pieds construit par John il y a 18 ans, et qui a fier allure. John est australien et Nat thaïlandaise et voyagent depuis 5 ans. On se donne rendez vous pour Porto Bello, dernière étape avant Colomb et le canal.
Enfin un peu de vent, Millenium et Capado sortent ensemble du mouillage, cap à l'ouest. Millenium n'a pas de spi, et ainsi Capado passe vite en tête et le distance. C'est toujours agréable de fumer un bateau presque 2 fois plus grand et 4 fois plus lourd. Arrivés à Porvenir, on laisse nos derniers dollars pour la sortie du Kuna Yala et ainsi avoir la permission de rejoindre Portobelo.
Dernière nuit à Chichime le 23 septembre.
Il est un peu frustrant de quitter cet endroit après si peu de temps. C'est absolument magnifique et le calme qui y règne est impressionnant de contraste pour nous habitués aux agglomérations bruyantes. Avant d'y venir, il faut bien prévoir l'avitaillement et la liquidité, car on ne trouve rien. On peut vivre de sa chasse, ou acheter aux indiens Kunas qui chassent tout les matins. On y serait bien resté encore un bon bout de temps et découvrir un peu plus la population locale, ainsi que la communauté de gens en bateau qui vivent entre ces îles.
La durée de notre voyage (2 ans et demi), contrairement aux couples plus âgés que nous rencontrons (indéfinie), nous permet de voir plein de chose mais d'en rater plein aussi. Au moins nous saurons où revenir si l'occasion se présente.
Pour les San Blas, il est grand temps de s'y immerger avant que le dieu dollar ne gâche tout. D'ailleurs notre dernière nuit à Chichime fut entre 2 bateaux de pêche au gros, un autre bateau à moteur, et un Megayacht dont le propriétaire est arrivé le lendemain matin en hélicoptère (histoire de réveiller tout le monde).

De Aruba à Las San Blas

Avant de quitter définitivement Aruba, il nous faut faire un détour par le milieu de l'île où nous attendent l'immigration et les douanes. En effet pour les bateaux, il est obligatoire d'y passer avec le bateau, et en arrivant ils facturent 10$ l'utilisation de leur quai pour une heure... Fallait bien une petite taxe.
Donc nous quittons Aruba définitivement le 08 septembre 2011 à 11h30, avec 2 safrans opérationnels. C'est parti pour 570 miles nautiques en direction de l'Archipel des San Blas au Panama avec une prévision météo à forte tendance de pétole.
Comme à son habitude à Aruba, le vent est soutenu au départ et partons sous spi fractionnel et 1 ris dans la Grand Voile pour se placer devant un gros grain venant du Venezuela. Ca avance fort ! Derrière le grain, plus de vent du tout. Un peu de patience et le vent reviens dans son régime habituel. Tout se passe bien jusqu'au milieu de nuit devant la Colombie.
Un bon gros orage arrive et nous envoie une grosse bourrasque couchant le bateau. Qu'à cela ne tienne, on affale le spi sans sa chaussette et on passe à 3 ris dans la GV. Un bon avertissement pour les prochaines nuits. En attendant on est trempés et le rythme des quarts est sérieusement compromis. On finit la nuit sous toilé car ça tonne tout autour de nous avec beaucoup d'éclairs qui restent dans les nuages, et au final, on démarre le moteur.
Le lendemain matin, conditions de demoiselles, on met tout dessus : GV et spi de tête. Capado glisse paisiblement dans 7 nœuds de vent. Qui dit conditions orageuses, dit vent instable. On se retrouve au près, puis au moteur (par 2 nœuds de vent, on n'avance plus....), puis au près à nouveau sur l'autre amure, et enfin reacher à la tombée du jour.
Pour le déjeuner, nous essayons de faire une pizza maison (euh... bateau). Adrien fait la pâte, c'est pas du luxe. Au final, un régal mais pas grâce à la pâte, un peu dure. A réessayer.
Le soir deux hirondelles s'invitent à bord, une pousse même l'incruste jusqu'à la table à carte. Visiblement exténuées, elles se laissent approcher et prendre dans les mains. On les met sous la capote.
A minuit, un orage se fait bien menaçant, donc on prend 2 ris et mettons le foc. C'est un bon coup d'accélérateur pour les 6 heures suivantes. Ensuite c'est moteur. Au petit matin, le ciel se dégage, plus de grain à l'horizon et on peut remettre toute la toile. Nos 2 passagers clandestins n'ont malheureusement pas trop supporté leur nuit à bord et sont morts à la levée du jour. Le froid (tout relatif) les aurait vaincu. C'est un peu le même scénario que la veille avec alternance de vent faible et de pétole molle. D'autres hirondelles viennent nous voir et se posent un peu partout : la bastaque, une bosse de ris, l'écoute de spi, les filières, les panneaux solaires, le pied de capucine, les taquets du piano... tout y passe. Afin de ne pas avoir leur mort sur la conscience, nous sommes soulagés de les voir partir avant la nuit. Nuit qui fut comme les précédentes, entrecoupée de grains et de pétole, toujours avec de beaux sons et lumières alentours.
Le 11 septembre, la progression est lente mais on ne va pas bruler tout notre fuel, ainsi nous continuons un travail de patience et de changements de voile pour que Capado continue à glisser. Seulement quand on n'avance plus, alors nous mettons le moteur. En pleine pétole, une vingtaine de dauphins nous rendent visite. Ils sont superbes, avec le bout du bec blanc et la peau légèrement tachetée. D'autres identiques nous rejoignent le lendemain, et nous avons la caméra chargée cette fois ci. Les hirondelles continue de squatter allègrement le bateau et changent constamment de perchoir. A tel point qu'il faut faire attention à chacun de nos mouvements. Adrien a failli en écraser 2, Capucine en se douchant à vider un sceau entier sur une qui venait de se poser à proximité (elle n'y survivra pas)... Et dans la nuit du 11 au 12, un plus gros oiseau se joint à la fête et passe une bonne partie de la nuit sur un panneau solaire, accompagné de 2 hirondelles. C'est l'arche de Noé !
Nous apercevons enfin les montagnes du Panama le 12, encore une nuit de progression bien lente pour arriver à l'île de Porvenir.
Le lever de soleil nous révèle un nombre incalculable d'îlots surplombés de cocotiers. C'est superbe.
En avant pour les démarches administratives ! Tout d'abord l'immigration consiste en un bureau sous équipé et il faut aller chercher l'agent sous le cocotier voisin (30 $), ensuite on passe aux autorités maritimes de Panama. On nous y délivre un zarpe (permis de croisière) pour l'année, avant il y avait le permis pour 90 jours, mais apparemment c'était trop compliqué. Donc pour un an il en coute 193 $. Et enfin le congreso de Kuna Yala où nous payons un autre 24 $ pour le droit de visiter les indiens Kuna dans leur habitat : le Kuna Yala (appelé San Blas par les conquistadors espagnols). C'est fou ce qu'on se sent léger après un tel passage.
A nous les innombrables îles et l'eau cristalline et commençons par aller au mouillage de Chichime.

Statistiques :
distance : 570 mn
Durée : 117 heures
temps au moteur : 40 heures
Hirondelles mortes : 3
Poissons volants : 4
Prises en pêche à la traîne : 0
Score au rami : Adrien 8, Capucine 1
Autres bateaux de plaisance : 0
Cargos : plein