samedi 6 octobre 2012

Cocos Keeling

Nous quittons le mouillage de Serangan sous foc et GV haute avec Magalyanne en ligne de mire. Petit à petit nous les rattrapons. On contourne ensemble la pointe sud de Bali sous spi. La nuit tombe et Capado passe devant, on perd vite de vue la lumière de tête de mat de nos compagnons de route. Les conditions sont tranquilles, ce qui nous permet de glisser sans se presser. 3 jours après le départ, on empanne pour contourner Christmas Island par le Nord. Vers ce cailloux perdu, on voit les voiles de Magalyanne quelques 10 milles derrières nous, quel timing! Ils font une halte à Christmas alors que nous continuons vers les Cocos Keeling.
Il faut accélérer pour espérer arriver de jour. Du coup, spi fractionnel et GV 2 ris sont de sortie. Capucine barrera aussi, prenant même un surf à 13 nœuds. Pour une première fois dans ces conditions, elle s'en sort super bien. Comme quoi, on commence à faire une bonne symbiose avec le Capado. Adrien créditera le chrono d'un 14,5 nœuds. On reprend le même exercice le lendemain, mais, hélas, le vent mollit légèrement cassant ainsi notre moyenne. On appréciera le coucher de soleil avec l'atoll juste devant, à portée d'étrave. C'est donc par nuit noir que nous entrons dans le lagon.
Les bouées du chenal sont plus illuminés que les galeries Lafayette à Noël. Impossible de savoir qui est qui. L'alignement d'entrée n'est pas évident à distinguer. On finit par se positionner comme il faut est ainsi confirmer que la cartographie est bonne, ouf. En entrant, le moteur nous donne bien sur du fil à retordre mais daigne démarrer au final. On garde la GV avec 2 ris au cas où.
Le bateau des douanes nous illumine les balises (non éclairées) d'accès à la zone de mouillage pour les bateaux de passage. Un grand merci, ça rassure, avec toutes ces patates de corail autour. Il a beau faire nuit, on distingue quand même des différences de couleur dans l'eau. Tâche claire: fond de sable, tâche foncée: corail. Mais impossible d'estimer la profondeur.
On se met bien loin de tout le monde, bateau face au vent, le moteur cale, Capado glisse sur son inertie, puis l'ancre est jetée. Super tenue du sable. On y est!
6 jours et demi de navigation et nous changeons à nouveau de monde. Nous sommes de retour en Australie.
Les autorités locales tardent à venir faire les papiers, du coup, on bichonne le bateau. La ligne de moteur de démarrage de notre hors bord tout neuf reste dans les mains d'Adrien. Un peu de bricolage s'impose. Prêt pour découvrir ce beau lagon.
 
Visite de Home Island peuplée par une communauté musulmane. Maisons simples en tôle, toutes bien alignées, voitures de golf ou quad comme seuls véhicules, et pas un chat dehors. La sieste à l'air de mise ici. Ensuite nous allons à Direction Island, ile du mouillage, visiter un peu. Les bateaux y laissent une trace de leur passage avec de beaux panneaux, certains superbement sculptés, d'autres fait de récupération des déchets plastiques qui atterrissent au vent de l'île. D'ailleurs, il y a tellement de tongues, qu'on arrive ainsi à trouver toutes la gamme de couleurs pour notre logo.
Magalyanne arrive avec une belle dorade tout juste attrapée à l'entrée du lagon. On se lance dans du snorkeling mais point de signe de langouste. Jean Luc obtient du douanier le spot à langoustes. Du coup, on y retourne l'après midi. Beaucoup de courant, il faut s'accrocher aux coraux pour ne pas se faire emporter, c'est un peu sport et point de bête à cornes. Sous le bateau, une dizaine de calamars restent cachés, encerclés par des requins pointe noire. Depuis l'annexe, Adrien en tire un et le sort vite de l'eau. Dès que l'encre est lâchée, les requins deviennent super excités, à tourner dans tout les sens pour trouver la bête blessée. Sur l'ile, un barbecue et des tables sont à disposition. Ainsi, un peu de dorade, un snapper et le calamar passent au grill. Un régal.
Le lendemain, on part vers Prison Island, petit ilot de sable, chasser autour. En 10 minutes, Adrien tire deux belles langoustes perles. Ça ne nous été pas arriver depuis les San Blas. On continue à chercher mais plus rien. En rentrant au bateau, on croise Marc et Maria sur leur petit bateau de 27 pieds Mare Liberum. On est invité pour un Barbecue sur Prison Island avec un bon mérou chassé par Marc le matin. Marc et Maria sont partis de Suède il y a 2 ans sur un tout petit bateau alors que Marc est un viking géant de 2m. Lui a 35 ans et elle 30 ans. Une volonté de fer avec un bateau aussi petit et un mal de mer récurrent. Marc étant un fin chasseur, il veut tenter la chasse à la langouste avec Adrien. Maria trouve une langouste tirée par Marc, et Adrien en trouvera 2 autres, bien cachées. Comme le stock de poisson est conséquent et que ni Mare Liberum ni Capado n'ont de frigo, tout le mouillage est convié pour un barbecue géant sur l'ile. Certains vont chercher un cœur de palmier tout frais, d'autres préparent des accompagnements. Tout le monde se retrouvent ainsi autour du feu. On est en plein contingent Suédois / Norvégien. Un couple agé, Marc et Maria sur Mare Liberum, Ivan (25 ans) et Josephine (24 ans) sur Kuheli, Espen (38 ans) et May Linn (30 ans) sur Maggie, et l'équipage charter de Jennifer Stockholm. Bref, beaucoup de jeunes en moyenne et tout le monde ici est sur un rythme de tour du monde en 3 ans. Nous avons ainsi rattrapé la caravane. La route par le nord de l'Indien étant fermée par les pirates, tout le monde passe par les Cocos. Ça promet une belle suite, avec tout ce beau monde que l'on va retrouver régulièrement jusqu'à Cape Town. La France est représentée par Magalyanne, Capado et Sputnik avec Eric et Delphine. Enfin vient l'Angleterre avec Salamander.
Notre moteur étant toujours un sujet sensible, on décide de nettoyer le réservoir de fuel. Vidange de ce dernier. Nettoyage de l'intérieur. On laisse le fuel décanter puis on le remet en le filtrant. Un travail laborieux mais ce dernier est propre. Donc le problème ne vient pas de là. Dommage.
On retourne chasser un peu pour diner avec Magalyanne autour d'un petit mérou et une langouste.
Un peu de tourisme, nous prenons le ferry entre Home Island et West Island où résident les australiens. On en profite pour aller un peu sur internet, puis tour du village avec terrain de golf en plein sur la piste de l'aéroport qui prend toute la longueur du village.
Une langouste du matin pour le déjeuner, puis Ivan vient à bord diagnostiquer notre moteur. Pour lui, le régulateur ou la pompe d'injection sont en cause. Pas possible de réparer avant la Réunion. Vive la voile.
On se retrouve avec Maggie et Kuheli sur la plage pour une grosse partie de volley sur un terrain monté par Maggie. Équipe victorieuse: Espen et Adrien.
Faire les courses aux Cocos peut s'avérer très couteux. La douzaine d'œufs coute 9 dollars, ainsi qu'une aubergine. Pour l'alcool, il faut aller à West Island.
On tente la pêche à la traine avec l'annexe. Une première touche et une carangue qui se libère tout près de l'annexe. La deuxième touche sera plus coriace. Un requin pointe noire qui passait par là a bien gobé le rapalas. Oups. On remonte le tout jusqu'au tableau arrière, pas question de mettre la main pour tenter d'enlever les hameçons. Il n'est pas bien gros mais il a de belles dents bien coupantes. Finalement il repart avec les hameçons et nous laisse le rapalas. Grand seigneur avec un look un peu plus gothique maintenant.
Apéro à bord de Sputnik, catamaran jaune de 11m50 et carrément atypique. Léger, en contreplaqué epoxy, et un intérieur en loft. Pas de hauteur sous barrot dans le carré, mais comme le roof fait toute la largeur du bateau, on se tient debout dans les coques où l'on trouve la cuisine à bâbord et la table à cartes à tribord.
Le lendemain, arrivée de Ty'Punch, un first 30 français avec Claire et Gaétan, rencontrés juste avant notre départ de Bali. Le soir, on se lance avec eux pour un barbecue sur la plage, mais le temps tourne vraiment mauvais, et, au vue de ce fiasco, on rentre vite aux bateaux. Notre moteur nous refait le coup du bout de démarrage, on rentre à la rame. Comme on était rentré de nuit, sous voile, on est les plus loin de la plage. Avec ce vent, ca fait loin....
Par chance, 2 bateaux arrivent au matin et ainsi le bateau des douaniers se déplace jusqu'au mouillage. On en profite pour faire notre sortie sans avoir à aller jusqu'à Home Island, comme Kuheli et Maggie, ou, pire, West Island comme Sputnik la veille. Déjeuner sur la plage entre français avec un peu de perroquet et snapper. L'après midi, on part avec Gaétan sur Prison Island pour essayer son kite surf. On s'installe, on gonfle l'aile mais un sifflement se fait entendre. Une valve finit par se décoller complètement, finissant ainsi cette session prometteuse. Dommage.
Dernier diner à bord de Capado avec Claire et Gaétan. On espère les revoir à Rodrigues, même si pour l'instant, on a l'art de partir quand ils arrivent.
Au matin, on prépare le bateau, passons dire un dernier salut à nos amis puis rangeons l'annexe. L'Indien nous attend, 2000 milles d'ici à Rodrigues. Maggie, Kuheli, Promesa et Sputnik partis la veille.
Le moteur étant hors service, on hisse la GV jusqu'au deuxième ris, puis on s'attaque aux ancres. Pas mal d'algues sur la chaine la rendent très glissante. Avec un bon vent, c'est sport de ramener tout à bord. Jean Luc vient filer un petit coup de pouce avec son annexe qui permet de bien soulager les efforts. Capucine envoie la trinquette, Adrien avale à toute vitesse les derniers mètres de chaine avant de rejoindre Capu dans le cockpit pour éviter Jjmoon, un bateau venu mouiller à côté, un petit tour dans le mouillage et Capado sort du chenal.
Ayant raté les Tuamotus, on n'avait pas eu une telle vie dans un lagon circulaire. Quel contraste après la ruche Balinaise! Se retrouver ainsi, à vivre de sa pêche quotidienne, profiter pleinement de ce que les iles ont à offrir: palmier, cocos, citrons.... Et puis nous ne sommes plus les jeunes rapides qui croisons que pour peu de temps des bateaux amis, cette fois ci, la caravane est ralliée et nous allons revoir du monde au fil des milles et de cet océan prometteur.


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