jeudi 6 juin 2013

Charleston-Norfolk (USA)

Le 17 mai, le harbour master de Nassau nous donne l'autorisation de partir. Les ancres sont à bord, les voiles hissées, Capado laisse Paradise Island dans son sillage. A notre grande surprise, un paquebot entre sous notre nez dans le chenal. On se sent bien petit à côté, à raser les hauts fonds pour ne pas géner ce mastodonte rempli de touristes américains. Dans la foulée, un second arrive à 12 noeuds. Demi tour, on va dans l'entrée du port de commerce pour laisser passer celui ci, qui avait bien signifié son intention de ne pas nous voir par un gros coup de trompe. La demi ration de tourises enfournée (2 paquebots sur 4), Capado peut enfin quitter les Bahamas.
Les conditions de navigation sont super, mer plate, sous spi, pas de grain. On doit juste éviter le trafic assez dense des paquebots venant de Miami Beach. Encore 2 jours d'une navigation des plus agréables dans le Gulf Stream, et nous voici dans de l'eau marron et l'entrée du chenal de Charleston.
En rentrant, plusieurs crevettiers draguent dans le chenal sans se soucier du trafic, c'est original. On double le fort puis mouillons alors qu'un gros grain nous trempe intégralement. Les voisins de mouillage, dont un couple Suisse, nous donne les bonnes informations sur la ville et la marina. Une traversée de la ville à pied et nous arrivons devant l'énorme et intimidant bureau des douanes. On ressent bien tout le poids de l'administration américaine. Toute cette marche pour nous dire de faire demi tour, et d'attendre un officier qui viendra nous voir. Au moins, on aura eu un bon aperçu de cette ville sans gratte ciel et assez relax. L'officier rempli la paperasse et nous voici officiellement aux USA. Une question de délai pour notre visa touriste a bien failli nous empêcher de continuer notre voyage vers le nord! Ouf. Soulagé, on passe voir nos voisins Suisses qui vont vers le sud.

En ce 21 mai, il pleut tellement que l'on reste dans le bateau jusqu'à une éclaircie en fin d'après midi. Vite dans l'annexe avec les vélos. Cette ville est parfaite pour nos vélos: plate et basse, tellement basse qu'une trop grande marée peut la transformer en Venise. Spécialités locales pour notre diner, crevettes frites et beignets au crabe.
Une autre formalité pour les USA est le permis de croisière. Après 30 min de vélo, on arrive dans le port autonome. Un officier vient nous chercher à l'entrée et nous accompagner jusqu'au bureau. On s'est souvent baladé dans les zones portuaires au cours de notre voyage, mais ici, on ne plaisante pas avec la sécurité. 1 bonne heure plus tard et 19 dollars en moins, l'officier nous raccompagne vers la sortie. Tout nous a été expliquer 3 fois, ainsi on ne pourra pas dire qu'on n'était pas prévenu. Un petit peu d'entretien sur notre moteur hors bord pour compléter la journée alors que Capucine travaille sur les illustrations de notre futur bouquin.

Une machine à laver ne coute qu'un dollar cinquante ici, le moins cher de tout le voyage, tout y passe.

Dans nos balades, on admire les maisons typiquement américaine avec gros frontons, parfois quelques colonnes et surtout un bon gros Stars and stripes (drapeau américain). La ville est calme, le trafic lent et les touristes se baladent en calèche ou en taxi vélo. La grande spécialité locale est la crevette, suivie de près par le crabe et les palourdes. Les boutiques mènent une bataille enragée pour le mauvais goût et on peut acheter des décorations de Noël en plein printemps. Les boutiques de friandises se reconnaissent vite à la forte odeur de sucre saturé. On est au pays de la bouffe riche.
L'hôpital est énorme, en plusieurs ailes, bien plus agréable que beaucoup de nos sinistres CHU, mais le prix de la santé n'est pas le même non plus. Tout ou presque peut se faire sans bouger de la voiture. Il y a des drive thru pour tout, la banque, la pharmacie, les fast foods, la poste et j'en passe. Charleston est fort agréable mais on en a vite fait le tour et il nous faut continuer vers le Nord.
Ainsi le 28 mai, Capado sort sous voile, à tirer des bords dans la rivière, poussé par la marée descendante et sous le regard impassible des pélicans blasés. On commence par un peu de près, puis le vent adonne et nous voici sous reacher puis spi. Un peu de pétole nous ralentit bien à propos pour nous permettre une entrée dans la baie de Chesapeake au petit matin. On rase le Cape Henry et sa caserne, juste à temps pour le réveil au clairon puis l'hymne américain. Contre courant, on a bien le temps de profiter du Cape. On mettra la journée à nous déhaler dans la pétole, à éviter les frégates militaires en patrouille. C'est que le grand centre de l'armada américaine, Norfolk, approche. Capado arrive dans la rivière de Norfolk où sont amarrés les portes avions, frégates et autres bateaux militaires en tout genre. C'est impressionnant. Leur puissance navale est gigantesque. On comptera en tout 34 bateaux de grande taille dont 4 sous marins. On aurait pu croire que tout y était, et bien non, plus nous remontions la rivière et plus on voyait de bateaux en entretien, jusqu'à Norfolk où il y aura même un porte avion en cale sèche et mis sous bâches pour peinture. Capado s'arrête là mais on peut parier qu'il y a encore plein de bateaux plus en amont.
A peine arrivé, on doit appeler les douanes pour signifier nos déplacements. Pas de téléphone public mais un utilisateur de la marina, Dan, nous prête son portable. Sympa. D'un côté de la rivière, c'est Portsmouth et de l'autre Norfolk. Visite du premier et de son centre appelé Olde Towne. Quelques rues pavées, des maisons typiques, en bois ou en brique, et de grosses bagnoles. De retour au bateau, on reçoit à notre bord une famille Française partie pour 1 an. Ils vont vers New York et rentrer avant nous, rentrée scolaire des enfants oblige.

Le lendemain, on va visiter Norfolk. On est samedi et il n'y a personne de visible dans les rues! Notre balade est ponctuée par différentes sirènes décorés par des artistes locaux. On verra aussi un vieux bateaux de la deuxième guerre mondiale, un centre commerciale, quelques buildings et beaucoup de rues vides. Pas besoin de trop s'attarder.
Le 2 juin, on passe par la marina pour le plein de fuel et d'eau avant de remonter la rivière. Cette fois ci le vent est de la partie, ainsi que le courant. C'est en coup de vent que nous repassons devant la grande flotte américaine puis nous continuons vers le Nord, sous spi. En route pour Washington.