Lever aux aurores, la
marée n'attends pas. Le but est d'avoir le courant pour nous dans le
canal puis arriver à la marée haute dans le Delaware. Peu de vent,
donc on passe le canal au moteur. Plusieurs bateaux ont le même
timing que nous. On se retrouve tous à contre courant (un peu tôt
sur la marée), Capado sous reacher et GV haute, les autres... au
moteur, poignée dans le coin. Le jeu est de descendre la baie du
Delaware en une marée pour passer le Cap May sans trop de courant
contraire. On longe l'immense centrale nucléaire puis le Cap May se
dessine au loin. Le courant commence à s'inverser, on tente de
couper le fromage, mais tous les hauts fonds ne facilitent pas la
tâche. Finalement, nous passons le cap au coucher du soleil, sous
grand spi contre 2,5 noeuds de courant contraire. Une bonne nuit
assez lente pour faute de vent qui nous permet d'admirer les lumières
d'Atlantic City, le Las Vegas de la côte Est. Mauvaise surprise dans
la nuit, l'hydro ne charge plus... et fait vraiment un sale bruit.
L'hélice est dure à tourner à la main, ce n'est vraiment pas bon
signe.
On passe la matinée en
échange emails avec Hervé pour contacter Watt and Sea et
diagnostiquer le problème. Verdict: HS! Et M....de! Et dire que la brochure spécifie bien que l'hydro ne nécessite aucune maintenance.... Le soleil n'est
pas vraiment au rendez vous non plus, donc il faut barrer.
On passe Sandy Hook au
ralentit puis tirons des bords sous spi dans la pétole vers le pont
Verrazano. Un méchant grain orageux s'annonce. Comme on avait couplé
les batteries avant la perte de l'hydro, la batterie moteur est
faible. Démarrer le moteur s'annonce mal... Dans une risée, tout
instruments éteints, l'hydro à l'eau chargeant le peu qu'il donne,
on arrive enfin à démarrer le moteur. Ouf. On range les voiles, le
grain nous tombe dessus juste avant le pont.
Timing assez parfait,
l'éclaircie arrive juste quand on passe sous le pont. On peut ainsi
admirer Manhatan, Staten Island, la Statue de la liberté et Ellis
Island. L'Hudson river continue de descendre du coup on avance
lentement jusqu'au 79th street Yacht Basin, admirant
Manhattan qui s'illumine pour la nuit. A 22h, nous prenons une bouée
à coté de Central Park.
Le lendemain matin, on
change de bouée pour se rapprocher de la marina et retrouvons Benoit
et Katia sur Calisto. Depuis le temps qu'on voulait se retrouver,
c'est top de les voir, même si on les prend un peu au tomber du lit.
Petit déjeuner à bord de Calisto qui monte vers le Canada.
Rien ne peut être plus
adapté à New York que nos fidèles vélos. On attaque par Broadway
puis Time Square et le magasin M&M's avant de renter par Central
park. Apéro à bord pour prolonger le petit déjeuner avec Calisto.
On remplace le café par des Caïpirinhas.
Depuis Annapolis, Adrien
a quelques voiles à dessiner, du coup on partage nos journées entre
un peu de travail dans un Starbuck's puis visite de la grosse pomme
sur nos petits vélos.
Il fait beau, alors on en
profite pour aller au top of the Rock, en haut du Rockefeller center.
Quelle vue! Le World trade center au sud, Central Park au nord.
Au mouillage, on croise
un Allure 44 français avec deux jumeaux à bord, Ambroise et Floris.
Diner bien sympa. Ils ont fait un tour de l'Atlantique Nord en
skippers du bateau pour un propriétaire qui les rejoint de temps en
temps. Bon plan pour la fin des études.
Avec les vélos, tout y
passe, le Flat Iron, Madison square Garden, Saint Patrick, la gare
Grand Central, le Chrysler building, la High Line (parc aménagé sur
une vieille ligne de train aérien), Wall street, Soho, Chinatown,
Little Italy et retours souvent par la grande piste cyclable qui
longe toute la rivière de l'Hudson.
Le vélo fait sa loi à
New York, la couleur du feu est sans importance, les piétons se font
dégager à grands cris des pistes cyclables, et les piétons font de
même pour les vélos sur les trottoirs. Une grande guerre de
territoires s'opère dans cette fourmilière. Alors que tout était
calme et réglé à Washington, New York fait office de jungle. Les
routes sont défoncés, les comportements routiers agressifs, et les
piétons traversent qu'importe la couleur du petit bonhomme.
Le 30 juin, Calisto
continue sa route vers le Nord. Bonne fin de voyage jusqu'au Canada
et on espère vous revoir en France. On prend leur bouée tout près
de la marina, économisant ainsi beaucoup de temps en annexe, surtout
si le courant est contraire. Déjeuner au Briant Park avant d'aller
voir la Gay Pride. L'exubérance y est reine avec des costumes super
recherchés et plus ou moins provocants voir minimalistes pour
certains. Au lieu de rester le long du parcours, on passe dans les
rues annexes où les chars attendent leur tour. Toutes les
communautés et courants politiques sont représentés. De la
revendication aux droits égaux pour tous aux étalages des progrès
de la chirurgie esthétique en passant par les gays mulsulmans ou
catholiques. Le drapeau Pace est partout.
Retour par le parc pour
un peu de calme, regarder une partie de Soft Ball alors que d'autres
jouent à la bataille médiévale avec des épées en mousse et des
costumes anachroniques. Apéro sur l'Allure 44 avec les jumeaux et
Fred qu'on avait rencontré à Charleston puis Annapolis.
Le 1er juillet, on tente
de prendre des tickets pour une comédie musicale sur Broadway. Toute
une matinée de queue pour rien au final. Du coup, on travaille un
peu, surtout avec le lancement de Kisskissbankbank pour le futur
livre de notre voyage.
Comme les fameuses
soldes du 4 juillet approchent, on part en repérage dans les grandes
enseignes. Les Malls sont immenses. On s'y perd facilement tant il y
en a.
Le 3 juillet, Adrien a 32
ans. Skype avec les parents, un peu de travail entre le livre et les
voiles puis diner chez JB et Molly, nos équipiers du Potomak. Déjà
qu'ils étaient à l'aise en cuisine dans le bateau, autant dire que
chez eux, c'est beaucoup mieux. Merci beaucoup pour l'accueil.
Independance day, toute
la ville est en fête. Nous quittons notre bouée pour descendre
l'Hudson puis récupérons toute la famille Cossart (Evelyne, Benoit,
Etienne, JB et Molly) à la marina coté New Jersey. Déjeuner au
mouillage à coté d'Ellis Island puis balade en voile avec passage
sous le pont de Verrazano avant de revenir à la marina récupérer
le dernier Cossart, Rémy. Tout le monde à bord, on reste au
mouillage pour un peu de Champagne et des hot dogs devant Manhattan
qui s'illumine en rouge, blanc et bleu. Les barges du feux
d'artifices passent devant. En attendant la nuit, on passe un bon
moment avec les cousins d'Amérique à bord. La nuit est là et le
spectacle peut commencer. Le feux d'Artifice bat son plein,
accompagné par l'Empire State Building dont l'éclairage change en
accord. On était un peu loin du feux, mais la vue sur Manhattan
valait vraiment le coup. De plus, ce fut le premier jour de parfait
beau temps depuis notre arrivée à NY. Tout le monde quitte le
bateau puis nous remontons l'Hudson à contre courant avant de
retrouver notre bouée qui a eu la bonne idée de rester libre.
On s'attaque maintenant
aux fameuses soldes américaines. Après 2 ans et 3 mois de voyage,
nous n'avons vraiment plus grand chose à nous mettre et il serait
bon de pouvoir s'habiller en rentrant. Bref, on retourne dans les
jungles de la fringue. Les soldes sont bien à la hauteur de nos
espérances avec des prix défiants toute concurrence européenne. Au
moins, on ne sera pas complètement en guenilles en Europe.
Samedi, on reçoit une
bonne nouvelle sur notre email, Benoit Cossart arrive en avion pour
survoler le Capado. On enfourche nos vélos en vitesse. On quitte la
bouée, hissons les voiles, Grand Voile et Reacher, puis on guette le
ciel. Très vite on voit le biplan de la deuxième guerre arriver par
le sud. On fait des aller-retours en travers de la rivière alors que
l'avion nous tourne autour, vraiment super.
Puis on voit l'avion
continuer sa route vers le nord. On se dit que c'est fini et rangeons
les voiles. Là l'avion revient et se fend d'un piqué passant à 30
mètres d'altitude en battant des ailes en guise d'au revoir. On
saura ensuite qu'ils avaient demander à la tour de contrôle de
descendre sous le plafond de 1000 pieds pour rencontrer le Capado
arrivant d'un tour du monde à la voile. Et bien, ça a marché! Le
trafic aérien sur l'Hudson, pourtant dense, fut arrêté le temps
pour le Stearman 46 de nous tourner autour à 500 pieds d'altitude
environ. Superbe. Le second passage en rase motte fut une totale
prise d'initiative du pilote avec la radio qui commençait à
s'inquiéter de leur trajectoire. Un grand merci à Benoit d'avoir
motivé son ami et son avion, et au trafic aérien New Yorkais pour
avoir permis au Stearman 46 et au Capado de se retrouver si près.
Dans la foulée, les
Fallons, famille d'accueil d'Adrien pour l'été 1998, vient nous
rendre visite. On discute sur le bateau et rattrapons un peu de tout
ce temps passé.
Le 7 juillet, en cadeau
d'anniversaire des parents d'Adrien, on va voir la comédie Musicale
du Roi Lion sur Broadway. Quel spectacle! Les chants, les décors,
les danses, tout est parfait. Un grand moment, même au fond de la
salle. En sortant, on retrouve JB et Molly ainsi que Rémy et Olivia
à Time Square. Puis on va se balader au Briant Park et une petite
partout improvisée de pétanques avant un tour par la route de la
Corée (une sorte de Corea Town).
Pendant le séjour, on
aura souvent déjeuner dans les 1$ pizza, des minis pizzerias qui
font des pizzas tomate fromage à la chaine pour 1$ la grosse part.
Le 8, on se motive pour
faire la grande queue d'attente et aller voir le mémorial de 9/11.
Bien que tout autour soit encore en travaux, le mémorial est superbe
et plein d'émotions. Ces deux carrés d'eau qui plonge dans le fin
fond de la terre est très évocateur de la catastrophe des tours
jumelles.
En rentrant, l'hydro tout
neuf est à la marina. Plus qu'à le monter, juste à temps avant
l'arrivée d'Augustin le lendemain soir.
Au petit matin, nous
quittons notre bouée pour une dernière descente de l'Hudson sous
voiles avant de remonter l'East River de l'autre côté de Manhattan,
passer sous le Brooklyn bridge avant de franchir le Hell's gate (la
porte de l'enfer) qui mène au Long Island Sound. On s'attendait à
un passage plus sport de Hell's Gate fort réputé auprès des locaux
pour ses courants violents, il faut croire qu'on a eu le bon timing.
Par contre on ne sait pas dans quel sens est la porte, entrons nous
dans l'enfer ou venons nous de le quitter?
On passe une première
nuit au Jefferson Harbour sur Long Island, petit village de
villégiature pour les New yorkais. La journée se passe ensuite au
moteur principalement, tant le vent est absent et les grains orageux
récurrents. Encore une nuit dans un petit mouillage tranquille puis
nous quittons le Long Island Sound pour un peu de navigation au près
jusqu'à Newport, Rhode Island. Superbe entrée avec les vieux
schooners qui emmènent les touristes, les Farr 30 en plein surfs
démoniaques sous spi et encore plein d'autres bateaux profitant de
ces conditions musclées. Bienvenu dans une autre Mecque de la voile,
berceau de l'America's Cup. Au début ça surprend, mais plusieurs
coups de canons sont donnés à chaque coucher de soleil, bizarre
comme coutume.
Newport sera notre point
de départ pour traverser l'atlantique. Comme d'habitude, il faut
faire tous les pleins. Gaz, pas si simple avec notre bouteille
australienne, vive l'adaptateur fait aux Turks and Caicos. Puis
avitaillement. Pour la première fois, nous avons un équipier à
bord, du coup, il faut prévoir en conséquence et deux voyages au
super marché sont bien nécessaires. Un premier avec le sec, puis le
frais la veille du départ.
On s'offre un dernier
diner au Lobster & Co avec vu sur cette belle baie remplie de
bateaux plus beaux les uns que les autres, entre les schooner, les
vieux 12m J, les petits monotypes locaux, quelques megayachts et des
engins de courses océaniques.
Le 15 juillet, pas de
vent donc on n'est pas pressé. Plein de fuel et d'eau, un dernier
fichier météo puis on fait un tour du port en bateau avant de
sortir. Le vent rentre un peu, on attaque sous reacher et GV, au plus
serré possible. Le vent n'est vraiment pas à la fête. On fera donc
une pause à Martha's Vineyard, petite ile sur la route. On mouille à
côté d'un vieux bateaux transformé en summer camp. Le soleil se
couche, et paf, un coup de canon de nos voisins. On a du mal à s'y
faire.
Le 16, le vent tarde
encore à rentrer mais le timing est parfait pour quitter toute cette
zone de hauts fonds, poussé par le courant. En route pour le large,
Flores, notre première escale aux açores pointe à 1800 milles
nautiques.
Notre escale New Yorkaise
restera comme une grande étape de notre voyage. Se balader ainsi
dans tous ces lieux, passer devant la Statue de la Liberté.
Retrouver Calisto après toute notre histoire lointaine mais commune.
On a été très content de pouvoir mieux connaître la famille
Cossart pour ce grand spectacle du 4 juillet. Le survol en avion fut
vraiment unique dans son genre. Bref, on ne s'est pas ennuyé. Le
lancement de la souscription pour le livre « le Tour du monde
de Capado » nous rapproche un peu plus du retour même s'il
reste tant à faire et voir avant d'arriver à Marseille.