Un peu de vent le
lendemain mais dans le pif. Pour cause d'entrainement au tir, la navy
nous demande d'éviter toute une zone. Ils bouchent presque tout le
fleuve. On verra bien les tirs arriver dans l'eau à coups de splashs
bien alignés, pourvu qu'ils savent ce qu'ils font! Nous avons peut
être la réponse à tous les poissons morts que nous voyons dans le
fleuve, ou pas....On mouille finalement à 15 milles de Washington.
Lever très tôt le lendemain pour profiter du courant montant. Il
fait un froid de canard, entouré par les oies sauvages, une brume
tapisse le fleuve au levé du soleil. Du grand spectacle! Quelques
pécheurs téméraires passent à fond sur leur barques plates et
leurs gros moteurs. Passage sous le pont et nous voici à Washington.
Le mouillage est en pleine ville. 10$ la nuit pour laisser l'annexe,
avoir internet et accès aux douches, le top car on ne peut pas
vraiment utiliser l'eau de la rivière pour notre toilette. Le seul
bémol est le survol incessant des hélicoptères des gardes côtes,
du FBI, des services secrets (Transports des hauts responsables de ce
monde)... Peut être que le président Obama a survolé le Capado?
Les vélos dépliés, on se rue au centre ville.
Au programme du jour, la
tournée des mémoriaux: Jefferson, Franklin Delano Roosevelt, Martin
Luther King, et Lincoln. Un petit tour par la Maison Blanche, mais
point d'Obama en vue. Un certain Smisthon, citoyen anglais qui n'a
jamais mis les pieds aux Etats Unis, légua toute sa fortune au
gouvernement américain pour créer un centre de transmission du
savoir pour tous. Ce lègue donna naissance aux Smisthonian museums.
Grâce à ce bon Smisthon, tous les musées sont superbes et
gratuits. Ainsi on attaque par le musée d'histoire naturelle. Une
aile sur les océans, une autre sur les dinos, l'évolution des
mammifères. Vraiment sympa, même avec tous les enfants survoltés
dans tous les sens, c'est les vacances scolaires. La Renwick Galery
pour voir quelques meubles américains traditionnels. On retrouve
ensuite Anne Lise (cousine d'Adrien) et Christopher, son fiancé,
pour un diner Mexicain dans le quartier Adams Morgan.
Encore sous la pluie, on
s'attaque au Air and Space Museum. Il y a tellement à voir qu'on
fait l'Air le matin et toute l'histoire de l'aviation, puis l'espace
l'après midi. Il y reste encore un brin de propagande par rapport
aux russes et la guerre froide.
La première dépression
tropicale de la saison, trop en avance, est attendue sur la cote pour
aujourd'hui. Après Sandy (un an plus tôt), les américains sont
très craintifs, les infrastructures n'étant pas ou peu adaptées,
dès que ça souffle, une catastrophe est vite arrivée. On est loin
de la robustesse des ports bretons. Finalement, on ne verra que la
pluie (encore) d'Andrea (nom donné aux phénomènes cycloniques).
Balade autour du Capitole, puis la gare. American history Museum avec
toute la vie américaine et son évolution. Un peu de guerre civile,
de conquête de l'Ouest sans trop s'apitoyer sur les Indiens, de
guerres mondiales, d'évolution des transports maritimes et routiers
avec une grande place pour la voiture qui façonnera le mode de vie
américain (Tout peut se faire sans sortir de la voiture, le cinéma,
retirer de l'argent, prendre un fast food, poster son courrier....).
On retrouve Anne et
Clément (amis de France venus s'installer de ce coté de
l'Atlantique). Depuis le temps qu'on parlait de se retrouver, ça
fait plaisir. Balade dans le quartier d'Adams Morgan, un petite bière
au Morgane Adams avant une bonne pizza sur un rooftop. Retour en vélo
avec un détour par le Lincoln mémorial pour faire quelques photos
de nuit. On a une accalmie alors il faut absolument en profiter.
Dimanche, il fait beau,
on retrouve Clément et Anne dans un parc avec d'autres expatriés:
Bertrand, Eva et Christille. On s'essaye à la Slack line
(funambulisme), pas évident, on tremble comme des feuilles, pourtant
quand Clément et Anne en font, ça a l'air si facile.
Washington fut vraiment
un séjour intense et les vélos ont, encore une fois, été l'outil
parfait. Les musées sont vraiment impressionnants et la re
colonisation de la ville par les déçus des banlieues à du bon.
Bref, on a vraiment aimé cette étape.
Au bateau, Jean Baptiste
(cousin d'Adrien et grand frère d'Anne Lise) et Molly embarquent
avec leurs paquetages. Anne Lise et Christopher passent pour l'apéro.
Il est 8 heures, il pleut
(comme c'est bizarre), on va au ponton pour le plein d'eau et une
dernière douche et Capado quitte Washington. Potomac 2, le retour.
Moteur puis du près avec
exercices de manœuvres et de barre pour nos invités. Finalement on
mouille pas loin des 2 bateaux qui nous avaient doublé à grand
renforts de chevaux. JB et Molly, fins cuistos, trouvent vite leurs
marques dans notre cuisine réduite. On se régale.
La Navy continue les
entrainements au tir, ils en ont des obus à tirer! On tire des bords
sous spi, ce qui n'est pas du tout du goût des militaires. Ils ont
du mal à comprendre qu'on ne trace pas une ligne droite d'une bouée
à l'autre. Dès qu'on empanne et que notre étrave pointe à nouveau
vers la zone interdite, on a systématiquement droit à un appel
radio. On tente d'expliquer, mais rien n'y fait. C'est une autre
culture. On trouve une superbe baie pour passer la nuit, et tellement
calme.
Le 12 juin, Capado est à
nouveau dans la Chesapeake bay. On troque le spi pour le reacher.
Remontée rapide de la baie, mais le vent meurt en milieu d'après
midi. Décidément la navigation en plan d'eau intérieur fait bosser
l'équipage, ou le moteur quand la patience du capitaine arrive à
expiration. Dès que le fond remonte, il y a des pièges à crabes
partout. La vigilance est de mise.
C'est donc 5 milles au
sud d'Annapolis que nous mouillons, dans Selby bay. Benoit, papa de
JB et Anne Lise, nous rejoint dans cette baie paisible pour un bon
diner à bord.
Au petit matin, on voit
un gros grain qui approche. On observe pour estimer sa trajectoire et
il semble passé au loin. On décide donc de partir sous GV 2 ris et
foc au cas où on en prendrait quand même un bout. Alors que nous
sommes encore dans le chenal de sortie, le vent monte franchement, le
bateau accélère plein vent arrière. 15, 20, 25 noeuds, et d'un
coup, 50 noeuds, le bateau part au tas, on est à l'horizontale, sous
une pluie battante, et les voiles aussi. Partir au vrac dans un
chenal n'est vraiment pas recommandé. Hauts fonds à droite, hauts
fonds à gauche.... Le bateau à la dérive. On affale au plus vite
le foc, le moteur démarre, et la GV suit dans la foulée. On reprend
le contrôle de Capado juste à temps. Ouf, on a eu très très
chaud! Un peu plus et on avait la quille dans la vase entre deux
crabes. Bilan des courses, la GV n'a rien mais le foc n'est pas à la
fête. Nerf de bordure arraché, et nerf de chute cassé.
On se remet de nos
émotions. La GV reprend du service et nous arrivons à Annapolis, où
nous mouillons devant la célèbre Naval Academy. Direction la
capitainerie du port. Et là on nous annonce un énorme front orageux
qui arrive d'ici une heure. On remonte les ancres en vitesse pour
prendre une bouée plus sûre. Nettoyage intégral du pont, on
attache bien les voiles, on enlève les panneaux solaires et la bouée
fer à cheval. La masse grise avance. On est partagé entre
excitation et peur. Bref, on n'en mène pas large. Le moteur est près
à partir en cas de défaillance de la bouée. La foudre se fait
inquiétante, on voit le rideau de pluie qui avance.... Et d'un coup,
contact. Tout le mouillage se fait sérieusement chahuté, c'est
l'apocalypse! Heureusement toutes les bouées ont tenu bon. Mais
quelle bourrasque! On était mieux là que sur nos ancres.
En allant de nouveau à
la capitainerie, on part à la pêche, une rame et un mât de
pavillon, tous les deux au même bateau dont l'annexe fit la
pirouette. Moteur dans l'eau tête en bas....
Une bonne douche et nous
voilà remis de nos émotions. Le voisin derrière nous a fait
quelques recherches sur Google et a vue notre blog, du coup il nous
invite à boire un verre au Pussers, le bar du coin. On passera une
super soirée avec Marco (Péruvien installé de longue date aux US).
Le 14 juin, Capucine fête
ses 31 ans! On passe voir Marco pour échange de photos puis on
déplace le bateau au mouillage. Enfin, direction le loft de Quantum
avec notre foc sous le bras. On retrouve les collègues d'Adrien,
Doug, Andrew et Scott. Nous avons le champ libre pour réparer le foc
et on s'y attaque immédiatement.
Le samedi, on retourne à
Quantum finir le foc puis Doug passe nous passe nous prendre avec son
bateau moteur. Direction le côté opposé de la baie. On arrive dans
une petite marina avec restaurant les pieds dans le sable et une
belle vue sur le bay bridge. Un peu de discussion boulot et d'un peu
tout et retour pour visiter le coin. Doug, comme presque tout le
monde ici, vit au bord de l'eau avec un ponton privatif et un
ascenseur à bateau afin que ce dernier ne prenne pas de berniques.
Un mode de vie vraiment relax, et il faut bien avoir un quotidien
agréable quand on n'a peu de vacances.
Le dimanche, on reçoit
Clément, Anne, Christille, Gautier et Amanda à bord pour un bon
pique nique. Christille apporte de succulents fromages français. Un
couple en paddle board passe dans le coin et partage un peu de vin
avec nous. Après avoir déposé nos invités sauf Clément et Anne,
nous sommes conviés par le couple en Stand Up paddle, Harald et
Chris pour boire un coup au Yacht Club de Eastport, en face
d'Annapolis. Harald propose d'embarquer Adrien pour la régate du
mercredi soir. Diner en ville avec Clément et Anne puis retour au
bateau.
C'est la période de
recrutement pour la navy, alors de temps en temps et de façon tout à
fait aléatoire, les recrues sont réveillés en fanfare à 5h30 du
matin pour une séance d'exercices toniques à fort renfort de bruit.
Autant dire que nous vivons la séance avec eux et c'est un peu
tôt...
Un petit tour sur l'eau
avec Clément et Anne et passage sous le bay bridge.
Mardi, boulot!!! Pendant
toute la semaine, Adrien va travailler à Quantum pour dessiner des
voiles. Un début de retour à la réalité en quelque sorte. En même
temps, Capucine travaille sur le livre du voyage et son lancement.
Parmi les choses
habituelles en escale, il y a le gaz. Capu essaie un peu partout mais
personne ne veut de nos bouteilles australiennes.... Heureusement on
a un adaptateur depuis les Turks and Caicos. On insiste et
finalement, avec un peu d'ingéniosité, quelqu'un veut bien remplir
nos bouteilles. Il n'y a pas à dire, à chaque fois c'est galère.
Pas de régate Mercredi
pour manque de vent. Tout l'équipage se retrouve au Yacht Club pour
le diner. On rencontre 3 personnes qui travaillent de près ou de
loin pour la navy, c'est un énorme employeur dans le coin. Pas
étonnant vu le nombre de bateaux en attente à Norfolk.
Vendredi 21 juin,
Etienne, frère d'Adrien, arrive à Annapolis. Depuis Bali, c'est
trop sympa de se retrouver. Soirée débridée au Pussers.
Samedi, nous sommes
invités à une community party. Les gens d'un même quartier
organisent une fête sur la plage un peu plus haut dans la rivière.
Capado est ancré dans un superbe baie, sans un brin de vague.
Arrivent ensuite Jay et sa famille, ainsi que Julian et la sienne sur
leurs bateaux. L'armada des annexes débarque à la soirée.
Barbecue, groupe de musique, grosses glacières remplies de bières,
tout y est. Tout l'équipage du mercredi soir est ainsi réuni autour
de burgers et de hot dogs.
Retour à Annapolis et faire le plein de fuel et d'eau. Grâce à Etienne, on a pu avoir les comptes rendus des derniers mariages et autres évènements qui ont eu lieu dans la famille. 27 ans auparavant, Etienne et Adrien passaient par là avec leurs parents en bateau. Pour immortaliser ce retour, il fallait refaire une photo sur les bancs au bout de l'Ego alley. Lundi matin, Etienne repart pour Washington et un peu de boulot avant de retourner au Vietnam. On range le bateau et en route pour New York.
Annapolis nous aura
permis de préparer le retour professionnel d'Adrien et c'est en
bonne voie, de lancer la souscription pour le livre sur notre Tour du
monde (http://www.kisskissbankbank.com/le-livre-le-tour-du-monde-de-capado), revoir Clément et Anne, et voir Etienne tout un week-end
rien que pour nous. On repasse en mode tourisme, direction la grosse
pomme.
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