Encore un jour de
bricolage et le bateau est à nouveau au top. En allant au bar, haut
perché, nous sommes pris en stop par un local parlant très bien
français. La base militaire qu'il y avait sur l'ile 20 ans plus tôt
avait presque francisé l'ile.... Antonio fera même un détour pour
nous déposer puis repassera nous donner un livre sur Flores. Trop
gentil, nous verrons par la suite que ce trait de personnalité est
très répandu chez les açoréens.
Le 1er aout, Hervé et
France, parents d'Adrien, arrivent à l'aéroport. Augustin a trouvé
à louer une voiture non officiel à un « ami », une
magnifique Rover où l'on ne sait pas si ce sont les freins ou
l'embrayage qui vont rendre l'âme en premier. Vu les dénivelés de
l'ile, ça promet une journée forte en émotions. Déjeuner dans un
snack local puis direction le bateau pour installer nos nouveaux
équipiers. Enfin, on avait repéré la veille, suite à une petite
marche, un superbe endroit avec barbecues à disposition. Tout le
monde en voiture, quelques gros steacks et en route. Nous offrons à
Hervé un Lambi corne de brume des Bahamas, alors on s'essaye tous
avec plus ou moins de succès. On finit enfin la soirée dans notre
repère des derniers jours, le café des sports où des tables de
billards sont libres d'accès. C'est relax ici.
Le 2 aout, tour de l'ile
avec notre fidèle Rover. Les paysages sont vraiment superbes et la
météo clémente. Les lacs au milieu, les falaises au bord de l'eau,
la roche volcanique tout dernièrement solidifiée (à une échelle
géologique). Tous les champs sont bordés de massifs d'Hortensias
bleus à perte de vue. On ne remerciera jamais assez nos amis de
Toucan et Aletis qui avaient insisté pour venir voir ce joyaux le
plus occidentale de l'Europe.
Il est 18 heures et
Capado quitte cette mignonne petite marina, en route pour Horta sur
l'ile de Faial. Au matin, nous passons sur un haut fond où toute la
vie maritime se donne rendez vous! Des dauphins en masse, des thons,
des globicéphales tout blancs, des requins et des pécheurs au gros.
On évitera de justesse un bateau reculant à fond au point de
remplir le cockpit pour récupérer une grosse prise. A 16 heures,
Capado est à Horta, au royaume de la peinture sur quai. Il y en a
partout! C'est vraiment très beau de voir toutes ces créations
ainsi réunies.
Ce n'était pas du tout
prévu, mais nous voici en pleine Semana do mar (semaine de la mer).
Activités nautiques la journée, pêche la nuit, groupes
folkloriques, puis groupes locaux qui jouent à forts renforts de
Watts. Le grand concert ne commençant qu'à minuit, on dormira
peu....
Augustin nous quitte,
pour retourner dans la folie parisienne. Avec les parents, nous
allons à la célébration dans la chapelle Nossa Senhora da guia
pour la procession de la sainte vierge. Celle ci est portée par
l'équipe de foot locale jusqu'en bas de la colline et retrouver la
flotte des bateaux de pêche dans la baie de Porto Pim où cette
dernière est mise sur une petite barque puis sur un bateau plus
gros. La flotte fait ensuite le tour du petit volcan pour revenir au
port, puis la sainte vierge finit sont trajet dans une église au
centre ville. Une belle cérémonie, un peu comme les pardons le 15
aout en France. Ensuite, on admire le défilé des chars représentant les différents corps de métier traditionnels ainsi que les villages de l'ile. Toute l'ile est au spectacle.
Un petit graissage de
l'hélice s'impose. Un petit tour dans l'eau, puis on cherche une
nouvelle anode mais bien sur, il n'y pas la bonne. On adaptera tant
bien que mal une anode de même taille mais pas avec les mêmes
trous.... Tout ça fait, on largue les amarres pour la première
régate de la semana do mar où il y a une classe OPEN, ouverte aux
bateaux sans rating. Tout le monde à son poste, Hervé à la barre,
France au piano, Capucine un peu partout et Adrien aux réglages.
Départ entre le bout de la digue et une bouée. Capado part
doucement puis on envoie le reacher et la folle remontée s'opère.
On enroule une bouée sur le seul haut fond entre Pico et Faial,
direction une bouée droit dans le dévent de Pico. Un peu
d'hésitation sur l'option à prendre puis retour vers Horta. Capado
finit 3ème en temps réel et second de la classe Open. Pas mal pour
un début....
Le 6 aout, journée sur
le thème de la baleine. On commence par la visite d'une ancienne
usine de transformation de baleine. Le mastodonte était treuillé au
sec, puis des rigoles récupéraient le sang pendant que l'on
découpait le tout avec de grandes haches au bout de longs manches à
balai. Une véritable boucherie. On cuit le tout, et on obtient de
l'huile de baleine. Les os sont broyés pour en faire de la farine.
Heureusement toute cette industrie n'est plus, alors que l'ile a eu
jusqu'à 200 baleinières au plus haut de l'activité. On enchaine
ensuite sur le musée chez Peter's des dents de baleines gravées et
sculptées. Un sacré savoir faire mais je ne verrais pas trop ça
dans mon salon. On finit enfin sur le clou de la journée, un tour en
baleinière à voile. Toute la semaine, les locaux emmèneront les
curieux en baleinière pour partager la tradition. Le bateau n'a pas
de quille et donc dérape allègrement, par contre il est super
toilé. Une véritable course s'opérait pour être le premier sur la
bête. Voyant qu'on est assez à l'aise sur le bateau, Adrien se voit
offrir la barre. Quelle pied! Une barre longue de 2 mètre, super
souple, comme tout le reste du gréement. On sort du port et ça
accélère franchement. Les sensations de vitesse à 20 cm au dessus
de l'eau sont totales. Un couple de touristes allemands plutôt âgé
est bon pour une révision du pace maker... Cécilia, une locale qui
était à bord avec nous passe plus tard au bateau pour récupérer
les vidéos. Dans la foulée, elle nous invite à faire un tour avec
elle le surlendemain. Ces bateaux sont vraiment très beaux et
demandent un énorme savoir faire pour les mener à fond.
Mercredi, balade dans la
ville pour voir les pavés, les églises nombreuses et la vue
surplombant le port. Adrien va ensuite sur le bateau pour la régate
en solitaire alors que Capucine attaque la peinture sous un soleil de
plomb. Adrien part, encore une fois, de façon très conservatrice
mais sous reacher pour remonter la flotte. Ça ne passe pas sous le
vent, qu'à cela ne tienne: bataille de lofe. Finalement le grand
soleil 40 s'incline et Capado est troisième à la bouée. Envoyer le
foc, ranger le reacher, virer de bord autour de la bouée, c'est tout
de même plus facile à deux. Le bateau juste devant rate sa
manoeuvre et reste bloqué. Adrien loffe tout ce qu'il peut pour
éviter le centurion 40. Ce dernier perd carrément tout contrôle et
vire, tordant le panneau solaire avec son davier. C'est vraiment
passé tout près! Retour dans le match, près serré à la poursuite
d'un sigma 38. Capado fait un meilleur cap et finit par passé devant
et en profite pour aller droit sur la ligne. Hélas, l'annonce VHF en
portugais n'était pas arrivé aux oreilles du skipper: il fallait
faire 2 tours et non un seul comme sur le schéma du parcours.....
Mince! Le temps de s'en rendre compte, et hop, 5ème. Et bien on
recommence, reacher envoyé et c'est parti. Un peu plus de vent,
Capado enroule en tête en bas. Commence un duel de cap avec le grand
soleil 40 quelques 5 mètres derrières. A vouloir trop remonter au
vent, il va perdre le contrôle du bateau et virer involontairement
de bord. Victoire du Capado, mais que de rebondissements. Entre
temps, la peinture prend forme et ça promet (voir la vidéo). On
fête ça avec d'autres bateaux locaux très sympas.
Puis l'équipage de
Vixen, Tiffany et Bruce avec leurs 2 filles Sally (6ans) et Safa
(2ans) viennent à bord. Ils voyagent autour du monde depuis 9 ans,
sur un bateau classique tout en bois. Une autre approche du voyage.
Il s'avère que Bruce était de l'aventure de la renaissance des
baleinières en construisant la première des répliques en 1997 (il
ne restait plus de baleinière en état). Depuis, le charpentier qui
était avec lui, en a fait 27 de plus, et fit renaitre toute cette
belle tradition de navigation.
Jeudi 8 aout, les jeunes
du coin sont venus fumer le soir juste sur notre peinture pas encore
sèche. Quelques retouches s'imposent. Puis à 15 heures, nous
retrouvons Cécilia qui nous emmène d'abord au nord de Horta pour
une belle vue sur Graciosa, Sao Jorge, Pico et Horta. Elle parle peu
Anglais et nous parlons très mal Portugais, du coup la discussion
est plutôt hachée. On enchaine sur le jardin botanique où sont
conservés précieusement les plantes endémiques des açores, mais
sur une ile volcanique, c'est surtout des buissons pour nous autres
béotiens des plantes. Un petit tour par le seul ministère de
l'agriculture qui sait de quoi il parle, ils ont du bétail, des
serres et des champs, un vrai travail appliqué.
Régate des filles.
Conditions: le skipper doit être féminin tout du long et l'équipage
au moins sur un score de parité. Capucine et France se mettent en
bleu et blanc pour l'occasion et Capucine s'installe a un lieu
qu'elle connait peu à bord: la barre. Ça commence bien avec une
première manoeuvre de port réussie. Gros foutoir au départ avec
Synergy, notre meilleur ennemi qui traverse la flotte en travers. On
accuse alors un gros retard mais nous serons les premiers à virer le
long de la cote. Capucine se débrouille super bien dans ce clapot
court et ce vent de 15 nœuds. Troisième à la bouée au vent. Puis
reacher jusqu'à la bouée sous Pico. Là le vent fait carément
n'importe quoi, mais on s'en sort et attaquons le dernier long bord
de travers juste derrière Synergy. Après un bon bord en passant par
en dessous (la cuillère), Capucine coupe la ligne avec 7 secondes
d'avance sur Synergy et gagne en classe OPEN!!!! Champagne, ou plutot
gin tonique chez Peter's! Pour un coup d'essai, c'est un coup de
maitre, bravo Capu.
Changement de bateaux, on
part sur la digue pour observer la régate des baleinières.
Apparement, la concurrence est rude entre les bateaux de Faial et
ceux de Pico. Certains viennent même de Sao Jorge. Au total, 25
balénières pour ce grand jour. Le départ est des plus bizarre. On
tire au sort sa position sur la ligne, ensuite les bateaux sont
remorqués hors du port par les remorqueurs traditionnels. Tout le
monde aligné travers au vent (plus ou moins) puis au top, les voiles
sont hissées. Autant dire que le bateau plus à la côte est
énormément avantagé. Puis toute la flotte remonte au près en
tirant des bords super carrés, sans dérive, ça dérape fort. Les
virements de bord sont vraiment très lents donc le jeu est d'en
faire le moins possible. Puis descente au portant, voiles en ciseaux
avant un dernier bord de travers pour retourner dans le port. Ligne
d'arrivée dans l'avant port où tout peut encore se jouer vu
l'instabilité du vent. Les trois premiers bateaux sont de Faial,
l'honneur est sauf pour le club organisateur. Sur la digue, nous
rencontrons Paolo, professeur sur l'ile et qui se lance dans une
marque de Tshirts avec les peintures sur la digue en motifs. Grâce à
lui, on comprend mieux les finesses de la régate en baleinière. Une
fois la bouée au vent enroulée, on monte dans sa voiture pour faire
le tour de la ville et aller sur l'autre digue pour être aux
premières loges de l'arrivée. Le soir, c'est chants et danses
folkloriques.
La semana do mar touche à
sa fin et finit en beauté avec la grande régate, prise très au
sérieux par les locaux. On sort les belles voiles, on vide les
bateaux, les équipages sont affutés, ça ne rigole plus. Capado, en
bon participant à la classe OPEN, garde tout à bord, même les
vélos! Pour l'occasion, Joao Nunez, vivant à Horta, monte à bord.
Départ très accrochés à la digue dont Capado reste distant mais
la position s'en ressent. On attaque sous reacher sous le vent de la
flotte. Xcape, un Dufour 45, veut passer derrière le Grand Soleil 40
et se rate complètement, accrochant le tableau arrière de ce
dernier. Quand on vous dit qu'ils ne rigolent pas avec la grande
régate!!! Bilan, étrave en chou fleur sur Xcape et abandon. A la
première bouée, la flotte passe sous spi dans moins de 10 noeuds de
vent. Capado fait des étincelles et enroule la bouée en tête en
OPEN. S'en suit un long bord de près qui ne nous favorise pas
vraiment. On devra recroiser derrière le Centurion 40 puis Synergy.
Finalement, on joue un peu mieux les risées et les bascules et nous
revoici au contact de Synergy. Un coup devant, un coup derrière. Sur
une dernière bascule, Capado passe tout juste au cul de Synergy qui
doit faire un dernier virement pour aller à la ligne. Capado prend
la victoire pour 6 secondes, mais quel match! Ça fait vraiment
plaisir de pouvoir ainsi mesurer les performances du bateau avec
d'autres et voir que ça marche.
Joao nous prête sa
voiture et on en profite pour aller au cratère avec une vue
magnifique sur le Pico en face, puis un petit tour par le sud de
l'ile et Porto Pim.
Tout le monde se retrouve
sous la grande tante, les waterpolos, les apnéistes, les pécheurs
au gros ou à la côte, les régatiers. On a le droit aux
traditionnels discours des officiels. Pour l'occasion, on invite la
famille de Vixen, ainsi qu'Aletis. Pas de prix ni d'annonce pour la
classe OPEN (politique locale pour forcer les bateaux à se mettre en
ORC, mais alors, pourquoi faire une classe OPEN?). La Sagres coule à
flots (bière locale, il y a ça ou la superboc). Finalement, alors
que tout le monde est parti, le comité de course et le président du
Clube Nautico do Horta nous offre un livre de Photographies sur les
iles ainsi qu'un fanion du Club, ce qui nous a beaucoup touché.
Après cette semaine
intense, nous quittons Horta pour rallier Terceira. Avec pas mal de
vents faibles, nous arrivons le soir à Angra de Heroismo. Première
balade dans le centre classé au patrimoine de l'Unesco.
Le lendemain, on
s'attaque à toutes ces rues pavées à fort dénivelés pour y voir
les différents monuments. Ascension du très beau parc en étages
jusqu'à une très belle vue sur la ville. Descente ensuite au centre
puis nous allons voir la caserne militaire et avoir la vue inverse.
Nous avons raté la course de Taureaux, mais en voyant les vidéos,
on a éviter de se faire vraiment mal.... C'est violent tout de même.
Le soir, on dine dans une super cantine avec gastronomie locale,
sardines, morue ou ragout de veau...
Le passage aux Açores
fut vraiment unique. Entre le calme et la beauté de Flores, la folle
activité de Horta avec la Semana do mar et la beauté architecturale
d'Angra. On aura eu de tout. Tout ça avec des conditions météo
plus que clémentes. Comme tout nouveau bateau de passage, on espère
sans trop y croire que notre peinture tiendra l'épreuve du temps et
le millier de bateaux passant par là chaque année. Ce fut aussi
l'occasion d'avoir les parents d'Adrien à bord et ainsi partager
avec eux un peu plus de notre voyage.
Depuis deux années que je suis votre voyage. Trés heureux de voir vos commentaires e les videos sur Açores.
RépondreSupprimerJe savais pas que vous venez a Lisbonne.
Dommage de ne pouver pas vous salouer personelement.
Bon retour en France et mes congratulations par l'extraordinaire voyage que vous venez de faire.
João Marques