Nous quittons le mouillage de Serangan
sous foc et GV haute avec Magalyanne en ligne de mire. Petit à petit
nous les rattrapons. On contourne ensemble la pointe sud de Bali sous
spi. La nuit tombe et Capado passe devant, on perd vite de vue la
lumière de tête de mat de nos compagnons de route. Les conditions
sont tranquilles, ce qui nous permet de glisser sans se presser. 3
jours après le départ, on empanne pour contourner Christmas Island
par le Nord. Vers ce cailloux perdu, on voit les voiles de Magalyanne
quelques 10 milles derrières nous, quel timing! Ils font une halte à
Christmas alors que nous continuons vers les Cocos Keeling.
Il faut accélérer pour espérer
arriver de jour. Du coup, spi fractionnel et GV 2 ris sont de sortie.
Capucine barrera aussi, prenant même un surf à 13 nœuds. Pour une
première fois dans ces conditions, elle s'en sort super bien. Comme
quoi, on commence à faire une bonne symbiose avec le Capado. Adrien
créditera le chrono d'un 14,5 nœuds. On reprend le même exercice
le lendemain, mais, hélas, le vent mollit légèrement cassant ainsi
notre moyenne. On appréciera le coucher de soleil avec l'atoll juste
devant, à portée d'étrave. C'est donc par nuit noir que nous
entrons dans le lagon.
Les bouées du chenal sont plus
illuminés que les galeries Lafayette à Noël. Impossible de savoir
qui est qui. L'alignement d'entrée n'est pas évident à distinguer.
On finit par se positionner comme il faut est ainsi confirmer que la
cartographie est bonne, ouf. En entrant, le moteur nous donne bien
sur du fil à retordre mais daigne démarrer au final. On garde la GV
avec 2 ris au cas où.
Le bateau des douanes nous illumine les
balises (non éclairées) d'accès à la zone de mouillage pour les
bateaux de passage. Un grand merci, ça rassure, avec toutes ces
patates de corail autour. Il a beau faire nuit, on distingue quand
même des différences de couleur dans l'eau. Tâche claire: fond de
sable, tâche foncée: corail. Mais impossible d'estimer la
profondeur.
On se met bien loin de tout le monde,
bateau face au vent, le moteur cale, Capado glisse sur son inertie,
puis l'ancre est jetée. Super tenue du sable. On y est!
6 jours et demi de navigation et nous
changeons à nouveau de monde. Nous sommes de retour en Australie.
Les autorités locales tardent à venir
faire les papiers, du coup, on bichonne le bateau. La ligne de moteur
de démarrage de notre hors bord tout neuf reste dans les mains
d'Adrien. Un peu de bricolage s'impose. Prêt pour découvrir ce beau
lagon.
Visite de Home Island peuplée par une
communauté musulmane. Maisons simples en tôle, toutes bien
alignées, voitures de golf ou quad comme seuls véhicules, et pas un
chat dehors. La sieste à l'air de mise ici. Ensuite nous allons à
Direction Island, ile du mouillage, visiter un peu. Les bateaux y
laissent une trace de leur passage avec de beaux panneaux, certains
superbement sculptés, d'autres fait de récupération des déchets
plastiques qui atterrissent au vent de l'île. D'ailleurs, il y a
tellement de tongues, qu'on arrive ainsi à trouver toutes la gamme
de couleurs pour notre logo.
Magalyanne arrive avec une belle dorade
tout juste attrapée à l'entrée du lagon. On se lance dans du
snorkeling mais point de signe de langouste. Jean Luc obtient du
douanier le spot à langoustes. Du coup, on y retourne l'après midi.
Beaucoup de courant, il faut s'accrocher aux coraux pour ne pas se
faire emporter, c'est un peu sport et point de bête à cornes. Sous
le bateau, une dizaine de calamars restent cachés, encerclés par
des requins pointe noire. Depuis l'annexe, Adrien en tire un et le
sort vite de l'eau. Dès que l'encre est lâchée, les requins
deviennent super excités, à tourner dans tout les sens pour trouver
la bête blessée. Sur l'ile, un barbecue et des tables sont à
disposition. Ainsi, un peu de dorade, un snapper et le calamar
passent au grill. Un régal.
Le lendemain, on part vers Prison
Island, petit ilot de sable, chasser autour. En 10 minutes, Adrien
tire deux belles langoustes perles. Ça ne nous été pas arriver
depuis les San Blas. On continue à chercher mais plus rien. En
rentrant au bateau, on croise Marc et Maria sur leur petit bateau de
27 pieds Mare Liberum. On est invité pour un Barbecue sur Prison
Island avec un bon mérou chassé par Marc le matin. Marc et Maria
sont partis de Suède il y a 2 ans sur un tout petit bateau alors que
Marc est un viking géant de 2m. Lui a 35 ans et elle 30 ans. Une
volonté de fer avec un bateau aussi petit et un mal de mer
récurrent. Marc étant un fin chasseur, il veut tenter la chasse à
la langouste avec Adrien. Maria trouve une langouste tirée par Marc,
et Adrien en trouvera 2 autres, bien cachées. Comme le stock de
poisson est conséquent et que ni Mare Liberum ni Capado n'ont de
frigo, tout le mouillage est convié pour un barbecue géant sur
l'ile. Certains vont chercher un cœur de palmier tout frais,
d'autres préparent des accompagnements. Tout le monde se retrouvent
ainsi autour du feu. On est en plein contingent Suédois / Norvégien.
Un couple agé, Marc et Maria sur Mare Liberum, Ivan (25 ans) et
Josephine (24 ans) sur Kuheli, Espen (38 ans) et May Linn (30 ans)
sur Maggie, et l'équipage charter de Jennifer Stockholm. Bref,
beaucoup de jeunes en moyenne et tout le monde ici est sur un rythme
de tour du monde en 3 ans. Nous avons ainsi rattrapé la caravane. La
route par le nord de l'Indien étant fermée par les pirates, tout le
monde passe par les Cocos. Ça promet une belle suite, avec tout ce
beau monde que l'on va retrouver régulièrement jusqu'à Cape Town.
La France est représentée par Magalyanne, Capado et Sputnik avec
Eric et Delphine. Enfin vient l'Angleterre avec Salamander.
Notre moteur étant toujours un sujet
sensible, on décide de nettoyer le réservoir de fuel. Vidange de ce
dernier. Nettoyage de l'intérieur. On laisse le fuel décanter puis
on le remet en le filtrant. Un travail laborieux mais ce dernier est
propre. Donc le problème ne vient pas de là. Dommage.
On retourne chasser un peu pour diner
avec Magalyanne autour d'un petit mérou et une langouste.
Un peu de tourisme, nous prenons le
ferry entre Home Island et West Island où résident les australiens.
On en profite pour aller un peu sur internet, puis tour du village
avec terrain de golf en plein sur la piste de l'aéroport qui prend
toute la longueur du village.
Une langouste du matin pour le
déjeuner, puis Ivan vient à bord diagnostiquer notre moteur. Pour
lui, le régulateur ou la pompe d'injection sont en cause. Pas
possible de réparer avant la Réunion. Vive la voile.
On se retrouve avec Maggie et Kuheli
sur la plage pour une grosse partie de volley sur un terrain monté
par Maggie. Équipe victorieuse: Espen et Adrien.
Faire les courses aux Cocos peut
s'avérer très couteux. La douzaine d'œufs coute 9 dollars, ainsi
qu'une aubergine. Pour l'alcool, il faut aller à West Island.
On tente la pêche à la traine avec
l'annexe. Une première touche et une carangue qui se libère tout
près de l'annexe. La deuxième touche sera plus coriace. Un requin
pointe noire qui passait par là a bien gobé le rapalas. Oups. On
remonte le tout jusqu'au tableau arrière, pas question de mettre la
main pour tenter d'enlever les hameçons. Il n'est pas bien gros mais
il a de belles dents bien coupantes. Finalement il repart avec les
hameçons et nous laisse le rapalas. Grand seigneur avec un look un
peu plus gothique maintenant.
Apéro à bord de Sputnik, catamaran
jaune de 11m50 et carrément atypique. Léger, en contreplaqué
epoxy, et un intérieur en loft. Pas de hauteur sous barrot dans le
carré, mais comme le roof fait toute la largeur du bateau, on se
tient debout dans les coques où l'on trouve la cuisine à bâbord et
la table à cartes à tribord.
Le lendemain, arrivée de Ty'Punch, un
first 30 français avec Claire et Gaétan, rencontrés juste avant
notre départ de Bali. Le soir, on se lance avec eux pour un barbecue
sur la plage, mais le temps tourne vraiment mauvais, et, au vue de ce
fiasco, on rentre vite aux bateaux. Notre moteur nous refait le coup
du bout de démarrage, on rentre à la rame. Comme on était rentré
de nuit, sous voile, on est les plus loin de la plage. Avec ce vent,
ca fait loin....
Par chance, 2 bateaux arrivent au matin
et ainsi le bateau des douaniers se déplace jusqu'au mouillage. On
en profite pour faire notre sortie sans avoir à aller jusqu'à Home
Island, comme Kuheli et Maggie, ou, pire, West Island comme Sputnik
la veille. Déjeuner sur la plage entre français avec un peu de
perroquet et snapper. L'après midi, on part avec Gaétan sur Prison
Island pour essayer son kite surf. On s'installe, on gonfle l'aile
mais un sifflement se fait entendre. Une valve finit par se décoller
complètement, finissant ainsi cette session prometteuse. Dommage.
Dernier diner à bord de Capado avec
Claire et Gaétan. On espère les revoir à Rodrigues, même si pour
l'instant, on a l'art de partir quand ils arrivent.
Au matin, on prépare le bateau,
passons dire un dernier salut à nos amis puis rangeons l'annexe.
L'Indien nous attend, 2000 milles d'ici à Rodrigues. Maggie, Kuheli,
Promesa et Sputnik partis la veille.
Le moteur étant hors service, on hisse
la GV jusqu'au deuxième ris, puis on s'attaque aux ancres. Pas mal
d'algues sur la chaine la rendent très glissante. Avec un bon vent,
c'est sport de ramener tout à bord. Jean Luc vient filer un petit
coup de pouce avec son annexe qui permet de bien soulager les
efforts. Capucine envoie la trinquette, Adrien avale à toute vitesse
les derniers mètres de chaine avant de rejoindre Capu dans le
cockpit pour éviter Jjmoon, un bateau venu mouiller à côté, un
petit tour dans le mouillage et Capado sort du chenal.
Ayant raté les Tuamotus, on n'avait
pas eu une telle vie dans un lagon circulaire. Quel contraste après
la ruche Balinaise! Se retrouver ainsi, à vivre de sa pêche
quotidienne, profiter pleinement de ce que les iles ont à offrir:
palmier, cocos, citrons.... Et puis nous ne sommes plus les jeunes
rapides qui croisons que pour peu de temps des bateaux amis, cette
fois ci, la caravane est ralliée et nous allons revoir du monde au
fil des milles et de cet océan prometteur.
Thanks for this bloog post
RépondreSupprimer