mardi 16 avril 2013

De Grenade à Marie Galante

Repus de langoustes et de retrouvailles, nous attaquons les formalités d'entrées. Entre le Brésil et l'Afrique du Sud, où il nous fallait une demi journée pour ne pas être des immigrés clandestins, on a été bien surpris de finir les formalités en 20 minutes chrono. Que c'est reposant!!!! Dans la foulée, on va à Spice Island Marina et là encore tout est simple et explicite. Le rendez vous est donc pris pour le lendemain à 14 heures pour sortir le bateau. Tout fut si rapide qu'on a le temps de faire un tour à Saint Georges, retrouver l'ambiance unique des taxi co, et le smoothie inégalable à côté du marché.
On est prêts, habillés en mode crado, le bateau se retrouve dans les airs le 19 mars à 14 heures. On commence par gratter la coque, puis on démonte les safrans et le bout dehors. Enlever l'antifouling est vraiment crevant, donc un bon burger au big Fish fera l'affaire. Pour pouvoir travailler, il faut fuir les grandes chaleurs. On se lève super tôt pour finir de gratter la coque et passer la première couche d'antifouling. Au fur et à mesure que le soleil évolue dans le ciel, notre zone de travail change: toujours rester à l'ombre. Le lendemain, même punition, on attaque tôt et on finit presque à la frontale.
Erik est dans la baie, on va donc diner ensemble à Saint Georges. Il y a un monde fou en ville. C'est le championnat inter-universitaire de l'ile. Tous les jeunes sont là, certains brandissant des trophées d'athlétisme, de sport collectif ou de culture générale. Diner à la cantine du coin, le Créole Shack. La nuit nocturne s'arrête vite, il est 10 heures et il ne reste que les plus motivés ou les plus éméchés. Autant dire que le retour en taxi co fut des plus animés.

Une demi journée pour tout finir... On finit dans les temps, mais de peu. Ouf. Le bateau est tout beau, tout polishé et avec un nouvel antifouling, un bout dehors bien vernis. Et en plus, il flotte! On retourne au mouillage juste à coté et y retrouvons Sputnik et Toucan. Tout le monde à bord de Sputnik pour un grand au revoir après tout ce bout de chemin parcouru ensemble. Gareth et Erik lèvent l'ancre dès qu'on a quitté le bord. Bons vents à l'étoile filante jaune.
Après le travail manuel, un peu de travail de bureau. Il va bien falloir vendre le bateau, donc Capu s'attaque à la plaquette et aux petites annonces. On se retrouve le soir sur Toucan pour la correction de notre plaquette en anglais.
C'es le week-end, autant aller le passer à Hog Island dans notre mouillage mythique en compagnie de Pierre et Nicole. Chasse à la Langouste, maintenant devenue un rituel. Quelques petites prises pour Adrien alors que Pierre, en bon maître chasseur, ramène une bête comme on avait encore jamais vu. La tête fait la taille d'un pied! On les aide à plier leurs voiles avant le cyclonage d'Anegada, puis festin de roi à base de langoustes bien sûr.
Retour à Prickly Bay où Anegada sort de l'eau alors que nous voyons Salamander arriver dans la baie. Que de retrouvailles. Toute l'équipe se retrouve donc chez Salamander avant d'aller à terre pour une bonne pizza et une soirée quizz. L'équipe TouCaSa (Toucan, Capado, Salamander) n'a pas démériter et finit bon avant dernière.
Départ pour la Martinique. C'est une drôle de sensation que de passer aussi vite toutes les Grenadines. Nous avions mis un mois à les visiter, et là Capado glisse sous le vent de ces iles si petites et si évocatrices de souvenirs. Alors que nous étions habitués à des horizons vides, on est étonné de voir autant de voiles sur l'eau, on croisera même une régate de nuit. Le 28, nous sommes au Nord de Sainte Lucie, et un gros thon de 6 kg s'invite à bord. Record du bateau. On arrive ensuite au marin et quelle ne fut pas notre surprise de retrouver Erik. Le nombre de bateaux dans ce cul de sac est impressionnant, des mâts à perte de vue. Tout est organiser pour les bateaux, on peut même faire les courses en annexe. Grâce à un bateau voisin au mouillage, on a pu garder le thon au frais et ainsi déguster un succulent tartare le soir même à bord de Sputnik.
Aujourd'hui, c'est vacances aux antilles. On va naviguer à bord de Sputnik, découvrir des sensations bien différentes sur 2 coques, mouiller devant les salines grâce au routage pointu de Gilles alors que le bateau est mené par Nicolas (ancien équipier d'Erik), Erik et Emy. Ça a du bon les vacances. Retour sous gennaker, à pleine balle. Le Sputnik va vite. Super gentiment, Nicolas nous prête sa voiture et nous permet d'aller chercher Soline et Jean Pierre à l'aéroport.
Qu'ils sont pales!!!! Vite à bord du Capado pour un premier apéro.
Au matin, on fait les papiers de sortie du bateau puis on enchaine avec un petit tour au marché local avant de lever l'ancre pour une grande navigation extrême de 3 nm et mouillons à Sainte Anne. Baignade, retrouvailles avec Paul (navigateur solitaire hollandais rencontré à Richard's Bay et croisé à Cape Town). Puis le soleil descend sur l'horizon, il est temps du baptême du feu pour nos invités. Départ sous spi jusqu'au célèbre Diamant puis on passe sous foc pour passer sous le vent de la Martinique. Les quarts commencent, Soso et Jean Pierre tiennent le coup. On passe ensuite sous le vent de la Dominique, ce qui requiert pas mal de réglages des voiles, on dort peu. Le matin arrive et les Saintes se profilent devant nous. Le dernier canal est assez agité mais nous offre un thon de 4 kg en guise d'excuse. A la mi journée, nous entrons dans l'archipel des Saintes. Comme tout le monde est vaillant, on fait un petit tour sous voile pour repérer les lieux. Finalement nous mouillons au sud du Pain de Sucre, au pied du Chameau (point culminant des Saintes). Des dauphins enchantent les baigneurs chanceux. L'eau est super claire, le snorkeling est très joli.
Plouf le matin, puis les douaniers viennent nous contrôler. En fait ils voulaient surtout voir le bateau qui a l'air de plaire. Ils nous recommandent de prendre un scooter pour faire le tour de l'ile. Pourquoi pas? On l'envisage donc pour le lendemain.
Départ à pied vers le centre ville où débarquent les touristes charriés par le paquebot qui vient de mouiller à côté de notre baie, dégageant même un catamaran à coups de trompe. Tous les scooters sont loués! Zut, puis on regarde une carte de l'ile et il s'avère que nous avons déjà parcouru plus de la moitié de l'île à pied. Le scooter paraît bien inutile alors. Quelques tourments d'amour pour nous requinquer et nous attaquons l'ascension du fort. Un beau point de vue sur l'archipel et un peu d'histoire avec la légendaire bataille des Saintes, grande victoire des anglais sur une flotte française désorganisée. On redescend et jetons notre dévolue sur un restaurant à côté de l'aérodrome. Quelques courses et retour au bateau, on en a plein les pattes mais un scooter aurait été complètement superflus.
Au petit matin, JP et Ado montent le Chameau, ascension raide mais un très beau point de vue au bout. Petit détour ensuite par une petite chapelle qui surplombe le mouillage. Enfin on quitte ce dernier pour prendre une bouée à l'ilet Cabris. On rencontre l'original du coin, le seul habitant de l'ile, qui s'est fait un atelier de poterie et utilise l'argile ramenée chez lui par la pluie. On enchaine sur une petite balade vers les ruines du fort en son sommet. C'est vraiment très joli par ici.
Les figaristes de la transat Bretagne Martinique ne vont pas tarder à arriver. Pour accueillir Yoann, on décolle direction Saint Pierre (village au nord de la Martinique). Navigation au près, pas vraiment marrante et arrivée à la tombée de la nuit. Bon resto pour se remettre de nos émotions et gros dodo. Visite du marché, papiers d'entrée à l'office du tourisme et on enchaine vers les anses d'Arlet. En chemin, Jean Pierre et Soline démêlent notre ligne de pêche. Après 2 touches bien trop grosses, le moulinet a rendu l'âme alors nous passons à la ligne de pêche textile et on remontera à la main dorénavant. En passant devant Fort de France, on voit un 5 mât barque déployer petit à petit ses voiles et prendre de la vitesse. C'est un bien gros vaisseau et un beau spectacle, la croisière de luxe, ça a du bon finalement.... En arrivant à Grande Anse d'Arlet, on retrouve Yannick et Sylvie (les parents de Yoann) qui ont loué un bateau pour l'arrivée de leur fils.
Au matin, on tente un coup de chasse à la langouste qui se solde par 2 petites brésiliennes. Pas de quoi nourrir notre équipage hélas. Puis Adrien monte au mât du bateau de Yannick pour repasser une balancine cassée. Un trois mât rentre dans la baie, c'est le Rara Avis de l'association Bel Espoir du Père Jaouen avec ce dernier encore à bord malgré son grand âge. En cadeau de Noël en Nouvel Calédonie, les parents d'Adrien nous avait offert un livre sur ce personnage et son association. Ça fait plaisir de voir que l'association tient toujours.
En l'honneur de Jean Pierre qui est basque, nous avons du poulet basquaise au diner avec Yannick, Sylvie et Emilie.

Le 7, les figaristes sont enfin là. On lève l'ancre alors que Cercle Vert de Gildas Morvan passe au large, puis nous accueillons Fabien Delahaye sur Macif avec un bout de chemin ensemble. Après on se lance au près direction Sainte Anne. Jean Pierre en profite pour s'essayer à la barre. Anthony Marchand sur Credit Mutuel arrive ensuite, empannant juste à côté de nous. On arrive à Sainte Anne et pas de Yoyo en vue. On mouille donc pour prendre un café et repartir une demi heure plus tard. Hélas notre timing était faux. « Capado de DLBC » sonne à la VHF!!! Oups, on est à la bourre. Yoyo est en train de passer dans notre sud. On n'aura jamais aussi vite enlever l'ancre et mis les voiles. JP à l'ancre alors que la GV commence déjà à monter, on abat et le spi est lancé. Trop tard, Yoyo est devant et va plus vite. On discute sur la VHF puis on le voit nous semer allègrement. Ambiance régate à bord du Capado. Grâce au détour au fond de la baie que doivent faire les compétiteurs, on arrive à couper le fromage est arriver devant Fort de France juste après Yoyo et célébrer avec lui cette superbe 5eme place et surtout une première transat en solitaire bien méritée. Retrouvailles poignantes à terre avec les coureurs et d'autres venus à la fête aussi, tels qu'Antoine et Marie Astrid (amis de Southampton).
Le matin, JP et Adrien sont réquisitionnés pour aider à ranger le bateau de Yoann, qui en a bien besoin. On sèche ce qu'on peut, on nettoie le lieu de vie, un petit tour dans le mât pour repasser une drisse cassée la dernière nuit, et voilà le figaro en meilleure forme. En même temps, Capucine et Soline font le plein d'eau, la lessive et les courses. Le Sun Odyssey 42 de Yannick et le Capado se retrouvent ensuite à l'anse à l'âne pour un peu détente sur la plage avant la grande soirée. Tout le monde à Fort de France, les 3 premiers donnent une soirée de fin de transat. Toute la bande se retrouve dans un bel hôtel à faire la fête. Puis la troupe retourne au port pour l'arrivée de Damien Guillou et la fête continue. On enchaine à bord du Sun Odyssey 42 avant que quelques survivants arrivent au Capado. Ce fut court mais ce fut super de retrouver ainsi tout le monde et surtout de retrouver Yoann qui nous a tant aidé pour la construction de Capado.
L'avion de Jean Pierre et Soline quitte Pointe à Pitre le 11. Pour se remettre de la veille, on ne rallie que Saint Pierre. Il ne faut pas pousser non plus. Ensuite on se lance vers le Nord. De gros grains à répétition nous ralentissent fortement, puis plus de vent, ce qui n'arrange toujours pas nos affaires. On s'arrête donc dans la baie de Prince Ruppert au nord de La Dominique. A notre surprise, nous retrouvons Gwennili que nous n'avions plus vu depuis Richard's Bay. Apero rapido puis nous allons diner au Blue Bay. Direction Pointe à Pitre. Pour une fois on est à l'heure pour un rendez vous....

Ainsi Jean Pierre et Soline quittent le Capado après un super séjour en leur compagnie avec pas mal de navigation au compteur pour pouvoir voir les Saintes et en même temps accueillir Yoyo à Fort de France. Apparemment ils ne sont pas dégoutés de la voile, ouf.
On peut presque faire les courses en annexe, quel luxe. Dernière escale en France avant un bon bout de temps alors on fait le plein de provisions. 2 aller retours seront nécessaire pour remplir nos placards à ras. On met le bateau au quai pour faire le plein d'eau (1 euro pour 100L) avant le plein de fuel. Un bateau moteur fait la queue devant nous. Après que le grand voilier qui prenait le ponton le libère, le bateau moteur décide de se mettre en plein milieu, nous empêchant d'accoster aussi. Capucine hèle pour demander d'avancer, seul un local nous répond et transmet notre requête. Sa réponse tombe comme une vérité universelle « il y a des cons partout ». Le pompiste arrive à faire entendre raison à la personne précédemment citée et nous voici donc aussi au ponton. Non mais des fois on se demande.... Bref, on rajoute quelques malheureux 38 littres à notre stock et c'est parti pour Marie Galante. Alors que Jean Pierre et Soso on toujours eu une mer agitée, nous avons une mer calme et 12 noeuds de vent, à tel point que ça en est agréable de faire du près. Si agréable que Capu barrera même pendant un bout de temps.
On découvre le petit village de Saint Louis et le calme absolu de ce mouillage. On y retrouve aussi Gwennili. Notre bref entrevue à la Dominique avait un goût de trop peu, alors on dine ensemble autour d'un cassoulet créole et du rhum Bielle (production locale, médaille d'or 2011 et 2013).

Les antilles françaises se terminent pour nous. On aura bien sillonné la région, plus sur l'eau qu'à terre. Merci beaucoup à Soline et Jean Pierre d'être venus profiter avec nous de ce coin. On a eu de la chance que les figaristes arrivent dans le peu de temps qui nous était imparti, et ce malgré une météo super compliquée. Un grand bravo à Yoann pour cette belle transat. Le 13 avril, on se dirige maintenant vers Antigua et son charme so british.