mercredi 12 octobre 2011

Portobelo

C'est au près dans la pétole que nous partons des San Blas pour rejoindre Portobelo. Vent contraire et courant contraire nous rallonge un peu la route mais on n'est pas pressé donc on navigue à notre rythme. Dans l'après midi, on voit un bel espadon sauté hors de l'eau avec notre rapala dans la bouche. Quelques sauts de toute beauté suffiront à lui permettre de se détacher. Une demi heure après, alors que nous allions seulement à 4 noeuds, un voilier de 1m20 mord à son tour. Moins de sauts vertigineux mais on admire sa belle nageoire dorsale sillonnée l'eau. Il arrivera jusqu'au tableau arrière du bateau. On était un peu embarrassé car cette prise est bien trop grosse pour nos petits estomacs. Ayant ralenti le bateau à fond, le voilier se laisse prendre en photo puis fait  un tour autour du safran.... oups. Finalement, le voilier se libère et nous rend le rapala en grand prince. De toute façon, on aurait pas su comment le ramener à bord. Un peu de moteur pour finir et nous arrivons à Portobelo à minuit.


Au matin, Benoit venant du bateau voisin Marisa, nous souhaite la bienvenue. Marisa vient de prendre la foudre aux San Blas, donc toute l'électricité et l'électronique est à refaire. Aïe. Arrivé à terre, le distributeur est en panne, donc nous prenons un bus local pour aller au centre commercial voisin (Sabanitas à 1 heure de route). Les bus sont des anciens school bus américains redécorés version amérique centrale, c'est à dire très colorés. Ce sont les rois de la route, toujours à fond, musique à fond aussi et mécanique chancelante. Enfin nous pouvons retirer des sous, faire quelques courses et retour à Portobelo où nous achetons quelques Molas (artisanat Kuna) pour décorer le bateau. Le soir, Fred et Marie sur Michto, catamaran orange que nous avions souvent croisé aux San Blas, nous invite pour l'apéro puis allons tous à terre pour un sandwich à la boulangerie du coin. Au passage, le pain y est très correct. Marie et Fred sont partis de France avec un ketch en bois direction le cap vert et le Sénégal, puis ont acheté un catamaran de 35 pieds à Panama pour continuer la boucle et faire le tour du monde à leur rythme. Le courant passe tout de suite.


Le 26 septembre, en allant au bar du coin (Captain Jack) pour une session internet, nous croisons Michel que nous avions vu à Sainte Lucie alors qu'il ramenait son trimaran de Sète. On découvre alors le monde des back packers. La route entre Panama et la Colombie étant coupée, ces derniers transitent par voiliers depuis Cartagène jusqu'à Portobelo, en passant par les San Blas. Une petite économie s'est donc crée autour de se marcher et beaucoup de voiliers de la baie y participent. Après quelques tentatives, Adrien trouve enfin le capitaine du port pour faire l'entrée du bateau à Portobelo. Chaque déplacement dans le pays nécessite de faire des papiers.... Cette session internet permet d'avoir toute la famille sur skype et ainsi de redonner des nouvelles après le séjour aux San Blas coupé du monde. Ce soir c'est apéro à bord avec Fred et Marie.


Le 27 septembre, direction Colon pour chercher un bateau qui passerait le canal et voudrait bien de nous comme équipiers. Ainsi on verrait comment ça se passe avant d'y engager le Capado. Pour ne pas passer pour des "Gringos", il faut être en pantalon, éviter les lunettes de soleil et porter des chaussures. Colon est réputée pour son insécurité.... Le voyage en bus est toujours aussi épique. On fait un premier stop au centre commercial à l'entrée de Colon pour acheter une carte SIM panaméenne et repérer les voileux qui y font le plein afin de les suivre et monter dans le bus, gratuit, qui les emmène à la marina Shelter Bay. Dans ce bus nous voyons pour la première fois l'écluse de Gatun, à l'entrée du canal et qui se passe en trois étages successifs. Impressionnant. Shelter Bay Marina est un port perdu au milieu d'une ancienne base américaine désaffectée et lugubre. Sur place, on nous autorise à une heure de visite des pontons pour notre session bateau stop. On ne plaisante pas avec la sécurité! Un seul bateau va passer mais il a déjà pris des équipiers professionnels. Au moins on réserve les aussière (4x 35m de 22mm de diamètre) et 6 énormes pare battages, obligatoire pour passer le canal. Dans le taxi retour, on apprend que la dernière zone de mouillage sympa encore autorisée à Colon vient d'être rayée de la carte pour cause de gène de trafic des Paquebots. Déjà que le Yacht Club fut rasé il y a 2 ans pour agrandir le terminal container, Colon n'est plus vraiment accessible pour les voiliers. Tant pis, nous rentrons donc à Portobelo sans bateau stop et sans avoir vu Colon, à part le terminal de bus haut en couleurs. La décision est prise de tout organiser depuis Portobelo avant de passer le canal. Soirée galette bretonne sur Michto avec Marie et Fred, un régal pour seulement un brin de nostalgie. Cour d'épissure au programme et autres infos échangées entre les techniques de pêche à la traîne ou au fusil et l'entretien du moteur...




Le 28, c'est préparation du Capado pour passer le canal. Ainsi on range le bout dehors, la trinquette passe dans la soute à voile, l'hydrogénérateur est démonté. Rien ne doit dépasser! Enfin, on s'attaque au moteur qui broute un peu au démarrage dernièrement. Vidange d'huile, changement du préfiltre et du filtre à Gasoile, tout y passe. Entretemps, Benoit accepte de nous accompagner pour le canal. Il faut à bord de chaque bateau, un capitaine et quatres équipiers, un par aussière. Plus que 2 à trouver. On passe voir Fredoya, grand bateau en Aluminium, taillé pour les grands froids avec Frédérique et sa fille Coralie à son bord. Coralie viendra avec nous! Plus qu'un. Nous continuons notre tour des bateaux avec notre vaillante annexe à la recherche d'équipiers. Que de rencontres en si peu de temps!


Le 29, après avoir récupéré du gasoil, on tente de réamorcer le circuit. C'est un peu laborieux, mais Fred eu une grande idée: mettre le réservoir sous pression en mettant notre pompe d'annexe au niveau de l'évent. Un succès total. Le moteur tourne comme une horloge suisse. Après midi internet puis apéro à bord de Fredoya. Le bateau, construit par Frédéric et Frédérique, est superbe et bien confortable pour les grands froids. Ils nous racontent leurs voyages en Norvège et autres pays glacials, en fort contraste avec la température ambiante.
Le lendemain, rendez vous est pris pour mesurer le bateau et faire les papiers du canal. Ensuite nous partons à Sabanitas en bus pour retirer la somme nécessaire au passage du canal. Hélas il faut 2 pièces d'identités et on est en plein jour de paye, d'où une attente assez longue.... On achète une glacière en Polystyrène pour avoir du frais sur le canal. Il est important de bien accommoder le pilote et nos équipiers. Nous passons la soirée sur Maritéa, en compagnie de Eric, Céline et leurs enfant Juliette et Damien. Super soirée qui finira tard avec traditionnelle visite du bateau et échanges sur les voyages respectifs. Les enfants sont vraiment sympas, ça donne à réfléchir sur le fait de voyager avec des jeunes.... 
1er Octobre, c'est réparation de l'annexe. Cette dernière étant en PVC, elle résiste mal à la chaleur des caraïbes. Le fond entier se décolle entrainant d'importantes voies d'eau, c'est plus une baignoire qu'une annexe. Le soir, c'est au tour de la fine équipe de Maritéa de venir à bord. 
2 Octobre, un peu de tourisme dans Portobelo et nous rejoignons Fred et Marie pour le montage de leur annexe. La technique est assez simple: découpe des panneaux en contreplaqué puis on les assemble en les cousant au fil de cuivre. Ainsi tout se met en place très vite avec toutes les petites mains qui s'affairent (Fred, Marie, Capucine, Benoit et Adrien). 


Le 3, Capado reprend la mer direction Shelter Bay marina. Un peu de près dans la molle, le long des cargos en attente. Dodo au mouillage à l'entrée de la marina. Pas très autorisé mais personne ne vient rouspéter. Au matin, nous allons sur la zone du Flat pour attendre un officiel du canal de Panama. Ce dernier fait les papiers, vérifie la bonne marche des toilettes, de la corne de brume, que le bateau peut faire du 5 noeuds et mesure le bateau. Une fois fait, nous rentrons à Portobelo en tentant de pécher mais sans succès. Dernière soirée en compagnie de Fred et Marie qui partent le lendemain aux San Blas pour un charter. Diner fort sympa à bord du Capado qui manque cruellement d'une table de cockpit.


Il est temps de payer notre passage du canal: 1500 $ dont nous récupèrerons bien plus tard 865 $. Il faut régler en liquide, en coupure de 20$ à la CityBank à Colon. Le soir même on nous confirme notre passage le samedi suivant (8 octobre). Le Pacifique se rapproche. 
On attaque donc les grands préparatifs. Réparer les quelques endroits qui en ont besoin, faire le plein de gasoil, nettoyer un peu la coque pour garantir une meilleure glisse. 2 enfants locaux nous rendent visite en kayak et montent à bord, juste pour le fun d'être sur un bateau. Ils n'ont pas souvent école. Le soir, apéro briefing avec notre équipage du canal: François (6 ans de voyage), Benoit (3 ans), et Coralie (depuis toujours ou presque, donc 17 ans). Le passage promet de se passer dans la bonne humeur.
Dernier jour à Portobelo, on fait la sortie du territoire, puis le plein de boissons et le bateau est prêt pour accueillir tout le monde le lendemain à 6 heures, direction Colon et la première écluse.
Portobelo fut un lieu de belles rencontres avec beaucoup de bateaux aux profils très différents. On n'avait jamais eu une vie sociale si intense depuis le début du voyage. 

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